Lorsqu'un constructeur décide de concevoir un nouveau véhicule, il entame un long et coûteux processus qui rassemble une équipe composée d'ingénieurs, de planificateurs de produits et, bien sûr, de designers. Car, pour bien des conducteurs, une automobile, c'est avant tout une affaire de style. Lorsque vient le moment d'acheter un nouveau véhicule, le look procure l'impression initiale... souvent déterminante.
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Les étapes qui mènent à la réalisation complète du véhicule sont toutefois longues et complexes. Il ne suffit pas, pour paraphraser le Petit Prince, de demander «S'il te plaît, dessine-moi une auto». Le processus est laborieux et peut s'étirer sur plus de cinq longues années.
Premièrement, il faut avoir une vision. On doit combler des besoins, bien entendu, mais il faut aussi séduire le public cible en proposant soit une carrosserie révolutionnaire pour les consommateurs qui désirent le dernier cri en matière de style, soit une forme intemporelle pour les gens qui préfèrent un aspect qui évolue lentement.
Les designers ont parfois carte blanche dans le cas d'un tout nouveau modèle, mais souvent, ils doivent travailler en respectant l'héritage d'un véhicule déjà existant, comme la Ford Mustang ou la Porsche 911. Comme l'a souligné Dave Pericak, ingénieur responsable de la Mustang chez Ford, «il faut pouvoir réinventer les classiques».
Plusieurs constructeurs possèdent des studios de design répartis partout dans le monde, afin de puiser leur inspiration dans la culture locale. Lorsqu'une nouvelle voiture doit être conçue, les différents studios du constructeur se livrent fréquemment à une saine compétition et celui qui aura proposé le meilleur design sera choisi.
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Beauté et efficacité
Cette bataille n'est pas toujours facile. Pour Bob Hall, chef de produit au moment de la création de la Mazda Miata originale, «notre idée était la meilleure, mais nous n'avions pas gagné le concours. On a donc dû pousser un peu les dirigeants pour qu'ils nous appuient». Une démarche qui aura finalement permis de créer la Mazda Miata il y a 25 ans.
On peut bien concevoir une carrosserie époustouflante, mais il ne faut pas négliger l'habitacle, qui doit être non seulement joli, mais ergonomique. Cette étape consiste à déterminer si les personnes de toute taille - ou du moins, le plus de personnes possible - peuvent facilement monter à bord du véhicule et en descendre, utiliser le coffre ou l'aire de chargement ainsi que vérifier les niveaux des liquides sous le capot.
Pour y arriver, avant même de construire un prototype roulant, certains constructeurs tels que la firme anglaise Jaguar Land Rover se fient à la réalité virtuelle, ce qui réduit les coûts de développement. À l'aide de capteurs placés sur des personnes qui simulent les déplacements autour du véhicule, on peut déterminer si l'ouverture d'une porte est adéquate, si l'embouchure du réservoir de lave-glace est bien placé, si le plancher du coffre se situe à une hauteur idéale. On peut aussi utiliser un simulateur de conduite afin de mettre au point la suspension et la tenue de route d'un véhicule.
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Quand les comptables s'en mêlent
L'étape la moins excitante dans le design d'un véhicule, et que les stylistes exècrent le plus, est celle de l'évaluation. C'est à dire lorsque les comptables évaluent les coûts des matériaux et de la construction par rapport à la marge de profit désirée. C'est à cette étape que le choix et la qualité des composants sont remis en question et que certains éléments de la voiture risquent d'être revus ou enlevés. On doit également ajouter dans le calcul les coûts relatifs à l'outillage des usines où seront construits ces nouveaux modèles.
Enfin, une maquette en argile de taille réelle est créée, suivie d'un prototype roulant. Le test de soufflerie permettra de déterminer l'aérodynamique du nouveau design, et des correctifs peuvent être apportés afin de l'améliorer ou de faire dévier l'air pour refroidir certains composants mécaniques, comme les freins ou le moteur. N'oublions pas que plus un véhicule est aérodynamique, moins il nécessitera de puissance pour contrer la force du vent et moins il consommera d'énergie.
Des modifications au design, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur, peuvent s'avérer nécessaires après des essais sur route et sur piste. On peut parcourir des centaines de milliers de kilomètres à bord d'un ou de plusieurs prototypes afin de trouver et de régler les moindres défauts dans la construction ou le comportement sur route du véhicule.
L'heure du dévoilement
Vient finalement la consécration des efforts d'un styliste automobile : le dévoilement public. Aujourd'hui, les constructeurs favorisent toujours les salons de l'auto pour lancer leurs nouveaux modèles, mais ils peuvent aussi le dévoiler en images, en Webdiffusion ou lors d'un événement privé, devant un petit groupe de journalistes par exemple.
Évidemment, si l'on a préalablement établi que le véhicule en question ne serait pas produit en série, mais qu'il consiste principalement en un exercice stylistique visant à recueillir l'impression du public, on le présentera dans les salons de l'auto en sautant plusieurs de ces étapes mentionnées ci-dessus. Et dans bien des cas, ces véhicules conceptuels n'ont ni habitacle ni motorisation, puisqu'on met l'accent sur le design de la carrosserie.