Le Groupe Anderson, de Chesterville, a mis fin à ses activités de découpage au laser pour développer une nouvelle technologie prometteuse.
Juillet 2009, l’atmosphère n’est pas à la fête sous le toit de Novatech Laser (Groupe Anderson depuis janvier 2010). L’entreprise de Chesterville spécialisée dans la fabrication de machinerie agricole et forestière a décidé de se départir de sa division de découpage au laser, un service de sous-traitance qu’elle avait pourtant créé en 2005 en raison de la forte demande de ce marché. Conséquence : le quart des 112 employés de la PME des Bois-Francs est mis à pied.
« C’était une décision déchirante, mais visionnaire sur le plan compétitif », explique Patrice Desrochers, vice-président du Groupe Anderson. Le fabricant avait un urgent besoin d’espace pour développer un nouveau produit, le Biobaler, un engin qui permet de récolter la broussaille dans les champs et d’en faire des balles faciles à transporter.
L’idée de vendre la division laser pour donner plus de place à cette nouvelle technologie a germé au retour d’une mission commerciale en Pologne, organisée par le CLD des Bois-Francs, à l’automne 2008. Sceptique, au départ, M. Desrochers a été surpris de l’enthousiasme déclenché par son prototype sur le marché européen. « Je n’avais que des croquis en main, et malgré tout, des entreprises européennes étaient prêtes à acheter illico notre produit », raconte Patrice Desrochers.
Cinq fois moins cher
Le Biobaler, inventé par deux étudiants en génie de l’Université Laval, Luc D’Amours et Frédéric Lavoie – aujourd’hui actionnaires du Groupe Anderson - permet de récolter et de transformer des plantes et des arbres en rouleaux de 4 pieds de diamètre. Actuellement, les producteurs européens de biomasse se servent d’une fourragère pour leur récolte, un équipement qui, jumelé à d’autres machines, nécessite plus d’un million de dollars d’investissement.« Notre solution coûte cinq fois moins cher. Elle permet de simplifier et d’accélérer la logistique de la récolte. La balle issue de notre technologie a également l’avantage d’être uniforme, d’offrir un rendement calorifique maximal et de diminuer les coûts de production », rapporte M. Desrochers.
Cette réorientation des activités du Groupe Anderson a, sur le coup, affecté le chiffre d’affaires, qui a baissé de 19 à 12 millions de dollars en 2009. « Cela serait arrivé de toute façon. Peu de temps après avoir vendu la division de laser, le marché de la découpe a chuté de 30 % », indique le vice-président du Groupe Anderson.
Des contrats de près de 10 M$
Néanmoins, le succès du Biobaler en Europe donne déjà raison à la direction. Peu à peu, Le Groupe Anderson renfloue ses coffres. L’entreprise prévoit franchir le cap des 25 millions de dollars de chiffre d’affaires d’ici 2014.
Depuis novembre 2009, le fabricant a vendu 26 unités de sa presse à biomasse à ses 7 distributeurs européens. Seize d’entre elles ont déjà été livrées. Le groupe compte en vendre 40 autres au cours de la prochaine année, pour des contrats totalisant près de 10 M$. Les principaux pays intéressés sont l’Angleterre, la Pologne, l’Allemagne, la Suisse, le Danemark, la Slovaquie, la Hongrie, la République tchèque, la Slovénie, l’Autriche, la Croatie et la Bosnie-Herzégovine.
En plus de devenir le produit vedette de l’entreprise, le Biobaler a permis de réembaucher 15 employés. Et au rythme où va la production, une dizaine d’autres pourraient s’ajouter sous peu. Autrement dit, le mois de juillet 2009 ne sera plus bientôt qu’un mauvais souvenir.