Comment mieux utiliser sa matière première ? Il y a cinq ans, l’entreprise Bois de plancher PG de Saint-Édouard-de-Lotbinière s’est posé cette question. Aujourd’hui, elle a trouvé sa réponse.
« Dans notre industrie, le nerf de la guerre, c’est la matière première, explique Jérôme Jobin, directeur général du Groupe PG. La question qui revient sans cesse est la suivante : combien de lamelles de bois de plancher pouvons-nous fabriquer à partir de la même quantité de matière première ?»
Actuellement, selon M. Jobin, la règle dans l’industrie oscille entre 70 et 75 % : pour une quantité de 1000 pmp (pied mesure plancher) de bois scié, on obtient autour de 750 pmp de lamelles de bois de plancher.
« On cherche toujours à augmenter ce pourcentage en améliorant notre performance. Depuis des années, on y travaillait, mais on n’obtenait plus que de petits gains à chaque nouvelle mesure qu’on implantait. Après quelques années de ce régime, on a compris que l’on plafonnait.»
Feuille blanche
En 2005, une fois cette prise de conscience assumée, l’entreprise se lance dans une importante période de réflexion. « On a commencé par faire un travail sur nous-mêmes. On s’est dit : oublions tout ce que l’on connaît déjà. Imaginons que nous sommes des novices. Comment s’y prendrait-on alors ?
On s’est retrouvé devant une feuille blanche. Il fallait donc remettre en question notre approche technologique, mais aussi notre conception de la production. »
La tâche ne fut pas aisée. L’entreprise a consacré trois ans et demi à cette opération. Coût total: 3,5 millions de dollars. « Il y a eu plusieurs essais et plusieurs erreurs. Parfois, on avançait sur un concept pour se rendre compte qu’on était allé trop loin. Il fallait revenir sur nos pas et recommencer. Il fallait aussi valider nous-mêmes chaque nouvelle hypothèse, puisqu’il n’y avait pas de comparable dans l’industrie. »
Une fois le concept validé, l’entreprise est passée en 2008 à la phase de mise en application. « Nous avons changé presque tous les équipements dans l’usine. Certains, qui n’étaient pas disponibles sur le marché, ont été mis en place avec la collaboration d’équipementiers. »
Vision électronique
La solution retenue par le Groupe PG passe par une utilisation plus judicieuse de la technologie, combinée avec un nouveau procédé de production. Dans la fabrication de lamelles de bois de plancher, en général, le bois scié, une fois préparé et séché, passe par trois étapes : la moulurerie, le tronçonnage et le talonnage. « Notre nouveau procédé de production modifie l’ordre des étapes de fabrication », dit M. Jobin.
L’étape du tronçonnage, où l’on enlève les sections de bois qui ont des défauts, a été automatisée. Elle se fait désormais à l’aide de la vision électronique, au moyen d’un scanner, ce qui permet une coupe plus précise. « L’automatisation et le recours à la vision électronique n’avaient pas pour but de corriger des lacunes chez les travailleurs. Cela témoigne plutôt de notre désir de faire les choses autrement. »
Au départ, l’entreprise s’était donné l’objectif de porter à 90 % le rendement tiré de la matière première, soit de 900 pmp de lamelles de bois pour 1000 pmp de bois scié. « Notre nouveau procédé de production est entièrement en place et fonctionnel depuis seulement huit semaines, et déjà nous avons obtenu un gain de rendement de 5 %. Comme il faut entre quatre et six mois pour roder pareil procédé de fabrication, nous n’avons aucune crainte que nous serons en mesure de rencontrer notre objectif de départ. En fait, selon nos plus récentes estimations, nous allons probablement dépasser légèrement notre objectif de 90 % », estime M. Jobin. Une preuve que remettre en question ses vieilles habitudes peut se révéler une bonne affaire.