BLOGUE. Aimeriez-vous découvrir ce à quoi ressemblera le futur? Et même, votre futur? Je parle sérieusement. Très sérieusement. Je suis bel et bien en mesure de vous faire voyager dans l’avenir, du moins dans un avenir proche, disons une dizaine d’années. Oui? Alors, je vous invite à lire ce qui suit…
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La semaine dernière, j’ai eu l’immense privilège de rencontrer Lance Weiler, lors des Journées Transmédia des Rendez-vous du cinéma québécois, à Montréal. Ce nom ne vous dit peut-être pas grand-chose. Rassurez-vous, c’est normal : il faut être passionné de technologie et de cinéma pour savoir de qui il s’agit. Lance Weiler est – accrochez-vous bien – l’une des 18 personnes qui sont appelées à changer Hollywood, d’après le magazine Bloomberg Businessweek, ainsi qu’un gars qui vit et pense avec 10 années d’avance sur nous tous, cette fois-ci selon Wired. Rien de moins. Vous voyez d’ailleurs au passage où je veux en venir : en découvrant ce qu’il a dans la tête aujourd’hui, on peut deviner ce que nous réserve l’avenir…
Ainsi, M. Weiler a décrit en détails dans sa conférence l’une de ses dernières réalisations en matière de transmédia. Transmédia? Pour information, c’est le terme à la mode pour décrire la pratique qui consiste à développer une histoire sur plusieurs médias à la fois, l’histoire en question étant composée de multiples messages distincts, chacun de ces derniers étant spécifique à un seul des médias utilisés. Grosso modo, cela donne la possibilité d’offrir au public plusieurs points d’entrée dans l’histoire.
Le nom de sa réalisation transmédia : Pandemic 1.0. L’air de rien, celle-ci va vous étourdir, comme elle m’a étourdi quand il en a parlé. Vous allez voir, je n’exagère pas, de nouvelles portes de perception s’ouvrir à vous, et saisir peu à peu l’étendue des possibilités que cela peut vous apporter dans les prochaines années, à vous comme à votre entreprise…
Pandemic 1.0, donc. Au tout début, il ne s’agit que d’un court métrage intitulé Pandemic. C’est que M. Weiler est avant tout un passionné de cinéma, qui a longtemps gravité dans cet univers et dans celui de la publicité, avant d’explorer de nouvelles voies par lui-même. Ce court-métrage raconte l’histoire de deux enfants confrontés à la mystérieuse maladie du sommeil de leur mère. Invité à le présenter au festival Sundance de l’an dernier, il a eu l’idée d’aller beaucoup plus loin qu’une simple projection en salles. Je vais vous décrire une partie seulement de ce qui a été fait (la liste complète prendrait des heures…) :
> Une bâtisse de deux pièces a été dressée sur le lieu principal du festival. Dans la pièce principale, une table numérique Microsoft (je dis bien une table, pas une tablette!) et des écrans géants sur tous les murs. La lumière est tamisée. Le public est accueilli par des acteurs, la plupart habillés en soldats ou en médecins.
> Voilà le problème : une épidémie de sommeil se répand à la vitesse de l’éclair sur la planète, affectant seulement les adultes, pas les enfants. Et nous n’avons que 120 heures pour l’arrêter, sinon c’est la fin de l’humanité. Les écrans géants permettent d’ailleurs de voir sur des cartes l’évolution de l’épidémie.
> Comment enrayer le phénomène? C’est là que le transmédia intervient : le public doit recueillir à droite et à gauche plein d’informations et de gadgets, puis les amener au Centre de contrôle (la pièce principale de la bâtisse) afin qu’un antidote soit concocté. Parmi ceux-ci, 60 jouets reconnaissables à leur couleur jaune, 5 000 bouteilles d’eau jaune, ou encore 50 cellulaires, qui tous renferment un message particulier.
> S’ajoutent à cela, entre autres : une application pour cellulaire; un magazine de bande dessinée ; des vidéos sur YouTube ; une page Facebook ; etc.
> Chaque objet trouvé, que ce soit par les festivaliers par eux-mêmes ou avec l’aide d’internautes du monde entier, doit être déposé sur la table numérique pour que son message apparaisse à tous, et contribue du même coup à atténuer un peu l’épidémie. Si jamais les objets tardent à venir, les acteurs commencent à montrer des signes de faiblesse et de maladie. Et le public peut constater de visu, dans la seconde pièce, toute l’horreur de la situation : les murs sont tapissés de photos portraits de gens provenant du monde entier, les yeux fermés; lorsqu’on approche un cellulaire d’un des portraits, on voit sur l’écran la même photo apparaître, et soudain ouvrir les yeux, pour raconter comment elle est morte des suites de la maladie du sommeil… Terrifiant!
«Quand on y pense comme il faut, les histoires sont toujours à peu près les mêmes. L’auteur joue sur des émotions fortes, comme la peur ou l’amour. Ce qui change, en revanche, c’est la façon de raconter les histoires. C’est pourquoi je me suis décidé, il y a de cela quelques années, à devenir un «architecte d’histoires», ou si vous préférez un «designer d’histoires». Mon idée est qu’il faut dès aujourd’hui apprendre à manier l’art d’isoler des éléments d’un récit et de les diffuser au public afin qu’il vive une véritable expérience sociale collective», a-t-il expliqué.
Une expérience sociale collective? Il convient de décortiquer chaque terme de l’expression pour la saisir…
> Expérience : c’est aller au-delà du fait d’être un simple spectateur avachi dans le fauteuil moelleux d’une salle obscure; par exemple, en devant sortir de cette salle pour avoir la suite (et la fin) de l’histoire dans un autre lieu.
> Sociale : le spectateur n’est plus passif, mais appelé à agir et même interagir avec autrui, et donc à devenir lui-même acteur de l’histoire, comme tous les autres spectateurs.
> Collective : le spectateur est ainsi intégré à un groupe de personnes animées par un même but à atteindre.
Bref, on entre dans une toute nouvelle dimension des médias. Lance Weiler a réussi le tour de force de combiner tous les médias existants (cinéma, Web, cellulaires, événementiel, publications, etc.) pour raconter son histoire, et ce, sans que cela paraisse incongru. Il est parvenu à faire sortir les festivaliers des salles pour vivre une aventure incroyable. Il a suscité un tel buzz que maintenant tous les grands festivals de la planète veulent l’accueillir (il va d’ailleurs y consacrer presque toute son année 2012, essentiellement en Europe : Berlin, Venise,…).
«Ce qui m’intéresse, ce n’est pas seulement de susciter de nouvelles formes d’engagement de la part du public, mais aussi d’identifier de nouveaux modèles d’affaires potentiels, a-t-il expliqué. Pour parler bien franchement, je me sers de cette expérience pour tester une nouvelle plateforme de développement.»
Rêvons deux minutes… Oui, imaginons que vous êtes un annonceur. Ne serait-il pas intéressant pour vous d’être partie prenante d’une telle opération de communication? De figurer dans le court-métrage, d’où tout part? Ou bien, d’avoir votre logo dans le Centre de Contrôle?
Et si vous étiez une agence de pub? Ne serait-il pas trippant de réfléchir au meilleur moyen d’associer un paquet de vos clients à une telle opération, et par suite de leur offrir une immense visibilité dans un festival hot, mais également sur le Web? Avec toutes les retombées médias potentielles?
Allons un peu plus loin dans le rêve… Vous êtes un entrepreneur et vous vous demandez encore ce à quoi peuvent bien servir d’avoir une page Facebook et d’envoyer plein de tweets à longueur de journée. Et là, vous venez peut-être de deviner que le potentiel des médias sociaux est fantastique! Que ce qui s’est fait dans un festival de cinéma indépendant laisse présager ce qui se fera demain, à plus grande échelle. Par exemple, vous pourriez vous inspirer de Pandemic 1.0 pour effectuer le lancement d’un tout nouveau produit : une bière, une voiture,…
Autre exemple : vous pourriez imiter ce modèle pour multiplier les points de contact avec votre clientèle, en ne lui rendant accessible certains avantages qu’à condition de recueillir assez d’informations via différentes plateformes; c’est-à-dire en incitant vos clients à devenir une véritable communauté, ou tribu, si vous préférez.
Libre à vous, maintenant, d’imaginer ce que pourrait être votre futur…
En passant, le philosophe Henri Bergson a dit dans son Essai sur les données immédiates de la conscience : «L’idée de l’avenir est plus féconde que l’avenir lui-même»…
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