BLOGUE. Comme moi peut-être, vous vous êtes inscrit à LinkedIn et vous vous amusez à multiplier les connexions ainsi qu’à voir grandir presque toute seule cette petite communauté virtuelle, un peu comme une cellule biologique dont on ne sait pas quelle forme elle finira par prendre. Vous vous surprenez à renouer des liens avec des connaissances professionnelles disparues depuis des années, et vous sursautez parfois en découvrant qu’untel et unetelle ont déjà été de proches collègues par le passé. Bref, LinkedIn est avant tout un média social ludique…
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Mais voilà, vous feriez bien de vous souciez de ce que risque de devenir l’infime cellule à laquelle vous venez de donner naissance. Et si celle-ci devenait une cellule cancéreuse? Un danger mortel pour vous? Ou surtout, et cela on s’en doute encore moins, pour votre équipe ou votre entreprise?
J’imagine que certains d’entre vous me trouvent paranoïaque en ce moment. Je peux les rassurer : aucun risque sur ce plan-là (ouf!), car cette idée que LinkedIn peut mettre en péril l’existence-même d’une équipe ou d’une entreprise n’est pas de moi. Non, elle vient ni plus ni moins de… Simon Hénault, le fondateur de LinkedIn Québec, l’une des plus grandes communautés d’affaires virtuelles de la province!
La conférence qu’il a présentée à la mi-mai devant les membres de l’Association des MBA du Québec (AMBAQ) s’annonçait on ne peut plus soporifique, étant intitulée «LinkedIn : une plateforme de collaboration pour vous, votre entreprise et le Québec». Mais c’était pour mieux dissimuler une surprise de taille…
Ainsi, M. Hénault a présenté les principes de base de LinkedIn (popularité, profil type des membres québécois du réseau social, etc.), puis il a décrit un cas fictif, celui de Tremblay Conseils, qui entend recourir à LinkedIn pour : développer ses affaires, recruter, innover et partager des connaissances.
- Développer ses affaires. Pierre, un employé de Tremblay Conseils, fait deux constats, à savoir qu’en général les consommateurs sont sursollicités par les messages publicitaires en tous genres et qu’aujourd’hui les consommateurs font surtout confiance aux recommandations, aux opinions en ligne et aux sites d’entreprise pour faire leur choix, et plus vraiment aux médias traditionnels et aux publicités. Il en tire la conclusion qu’il convient de se mettre à communiquer par LinkedIn. Il y dresse alors le profil de l’entreprise, en averti les clients actuels et se met à la recherche de clients potentiels, en leur envoyant des messages personnalisés, sur la recommandation de connexions communes.
- Recruter. Marie, une autre employée, veut embaucher de jeunes talents, mais la concurrence est féroce, les CV peu pertinents pléthores et les chasseurs de têtes hors de prix. Elle file alors sur LinkedIn, consulte les profils d’entreprises dans lesquelles elle pourrait débaucher des employés prometteurs, et entre discrètement en contact avec eux par leur page personnelle.
- Innover. Marc, lui, est en quête d’idées neuves pour l’entreprise, qui pourraient se traduire en nouvelles offres de service. Il regarde ce que font les grandes entreprises de son secteur sur LinkedIn sur ce plan, et imite les astuces qui lui semblent les plus intéressantes. Par exemple, il lance des questions ouvertes sur différentes pages LinkedIn ciblées (T&D, IdeaStorm, SAP Community Network, etc.), et glâne ainsi des idées auxquelles il n’aurait jamais pensé tout seul dans son coin.
- Partager des connaissances. Quant à Guy, il crée un groupe sur LinkedIn pour échanger avec les clients de Tremblay Conseils des connaissances sur le management en général. Un bon moyen de fidéliser ceux-ci.
Résultat? Les affaires de Tremblay Conseil connaissent un nouvel élan, mais… (Car tout est dans ce «mais…») Mais voilà, un an plus tard, c’est la catastrophe! Pierre est engagé par un concurrent. Marie part à son compte. Marc exige une importante hausse de salaire. Et Pierre se retrouve tout seul à la barre.
C’est bien simple, l’équipe qui avait permis à Tremblay Conseils de croître comme jamais a implosé en plein vol, le système mis en place n’est plus pilotable, le crash menace. Et notez au passage que ce scénario n’est pas si fictif que cela : les médias sociaux permettent bel et bien à des personnes d’accroître leur valeur sur le marché, à l’image de Jean-François Mercier, qui a été choisi comme animateur de l’émission «Un gars le soir» de la chaîne V parce qu’il comptait alors plus de 140 000 fans sur Facebook («Dorénavant, à talent égal, je vais choisir l’acteur qui a le plus gros réseau social», a expliqué Carl Rousseau, directeur des plateformes interactives, de V.)
La démonstration est faite par M. Hénault. Une entreprise qui pensait se développer à l’aide de LinkedIn a surtout permis d’augmenter la valeur sur le marché de certains de ses employés, au point de voir ceux-ci quitter leur employeur pour connaître de nouvelles aventures professionnelles. Cette entreprise s’est finalement tiré une balle dans le pied.
La question est maintenant de savoir s’il y a moyen d’éviter de vivre soi-même une telle mésaventure, quand on dirige une équipe ou une entreprise. La réponse est difficile à trouver, mais l’important, d’après M. Hénault, est «de prendre les devants»…
De fait, nombre d’employés sont déjà actifs sur les médias sociaux (LinkedIn, Facebook, etc.) et aucun employeur n’a le droit de regard sur le contenu mis en ligne par les employés sur leurs pages personnelles (bien entendu, tant qu’aucun propos diffamant ou dommageable n’y est tenu). Pas question de demander aux autres de s’empêcher de dire ce qu’ils ont envie de dire, ni de les inviter à tenir des propos flatteurs pour leur employeur. Ce serait ridicule.
En revanche, libre à l’employeur d’émettre une politique d’utilisation des médias sociaux alertant des risques de dérapages, même par inadvertance. Puis, de présenter celle-ci à ses employés et de leur demander ce qu’ils en pensent et s’ils sont disposés à suivre les conseils qui s’y trouvent. Bien informés, les employés devraient donc mieux se servir des médias sociaux, d’après le fondateur de LinkedIn Québec.
Et mieux vaut vous en soucier au plus vite, car LinkedIn connaît une croissance spectaculaire au Québec : ce média social devrait compter 150 000 membres québécois de plus d’ici la fin de l’année, et franchir la barre symbolique du million de membres d’ici 2013. Une force phénoménale en devenir. Napoléon Bonaparte affirmait d’ailleurs : «La force d’une armée, comme la quantité de mouvement en mécanique, s’évalue par la masse multipliée par la vitesse»…
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