Mesurer, c’est savoir! Or, comme toutes choses étant égales par ailleurs, le cours d’une action révèle la valeur d’une entreprise, comment prévoir sa hausse, c’est-à-dire la création de valeur?
Les rapports financiers contiennent de nombreuses informations permettant d’évaluer l’aptitude d’une entreprise à créer de la valeur pour ses actionnaires. Leur utilisation a même été simplifiée par des experts, qui ont identifié quelques indicateurs clés. Voici trois approches chaudement recommandées.
1. La maîtrise de l’endettement
En 2008, Claire Faverjon et Alain Marion, deux chercheurs de l’Université Jean Moulin Lyon 3, ont voulu savoir si la croissance du chiffre d’affaires permettait à elle seule de repérer les entreprises prédisposées à créer une valeur actionnariale. Ils ont testé cette hypothèse sur la période 2001-2005 à l’aide d’un échantillon d’entreprises européennes.
Ils ont trouvé que la croissance des revenus n’est pas une mesure assez précise pour prédire l’appréciation boursière d’un titre. En revanche, en combinant cette donnée à la maîtrise de l’endettement (dette/équité), les résultats étaient satisfaisants.
Ainsi, si un investisseur appliquait aujourd’hui cette méthode d’évaluation au secteur de l’énergie, il choisirait les actions de Suncor Energy (SU, tor.) plutôt que celles d’Encana Corporation (ECA, tor.), dont les revenus sont en baisse depuis 2008 et qui affiche un ratio d’endettement plus élevé.
2. La profitabilité
Une deuxième approche consiste à chercher à la fois la croissance du chiffre d’affaires et une maîtrise des coûts, afin de préserver la marge bénéficiaire (bénéfice net après impôt/chiffre d’affaires net). « C’est que l’augmentation des ventes n’engendre pas toujours une hausse ou le maintien des marges », explique Claude Dalphond, administrateur de sociétés.
Cette méthode est cependant très similaire à la précédente puisque l’endettement influence les coûts, en raison des frais d’intérêt. « Mais sa lecture est plus fine, étant donné qu’on prend d’autres éléments en compte », estime M. Dalphond.
Appliquée au cas Suncor/Encana, cette démarche a donné le même résultat que la première.
3. Le rendement des capitaux propres
Une troisième option consiste à remplacer la maîtrise de l’endettement par le rendement des capitaux propres (ROE), qui indique la capacité de l’entreprise à générer des flux de trésorerie à partir de ses capitaux propres (capitaux moins les dettes).
Ce rendement se calcule en divisant le bénéfice net par les capitaux propres. « Plus ce ratio est élevé, plus les emprunts seront remboursés rapidement », explique Pierre Comtois, vice-président du conseil et chef des placements chez Optimum Gestion de Placements.
« De plus, continue-t-il, grâce à ces flux, la compagnie pourra verser des dividendes croissants aux actionnaires. »
Malgré cette subtilité, en utilisant ce procédé pour départager Suncor/Encana, on obtient encore le même résultat.
Notons que ces trois méthodes quelque peu élémentaires ne sont pas aussi précises que l’analyse fondamentale traditionnelle. Mais leurs résultats ne sont pas complètement insensés. À preuve, Suncor Energy figure présentement dans les 5 positions les plus importantes de plusieurs fonds d’actions canadiennes.