À 26 ans, au terme d'une formation accélérée de 18 mois, Mylène McIntyre deviendra dans quelques semaines directrice adjointe d'un magasin Loblaws. Elle sera le numéro deux d'une entreprise qui emploie plus de 120 personnes et qui génère un chiffre d'affaires de 30 à 52 millions de dollars, selon le magasin.
" S'il n'y avait pas eu ce programme de formation, je ne pense pas que je serais chez Loblaw, affirme la jeune femme. Dix-huit mois pour passer directement au poste de directrice adjointe, c'est vraiment une aubaine. Je gagne cinq ans, facilement ! "
Mme McIntyre a travaillé pendant toutes ses études chez Maxi & Cie à Saint-Hubert, sur la Rive-Sud de Montréal, une chaîne qui appartient à Loblaw. Et sa mère travaille encore chez Maxi. Néanmoins, faire carrière sous l'oeil bienveillant de Galen Weston ne lui avait jamais effleuré l'esprit. Ni celui de ses amis, d'ailleurs !
Avec un bac en stratégies de production culturelle et médiatique à l'UQAM, Mme McIntyre avait des ambitions plus glamour. Mais après avoir cherché en vain pendant un an du travail dans le milieu culturel, elle entend parler du programme des finissants de Loblaw.
" Ce programme est au coeur de notre stratégie pour recruter 1 000 cadres au Canada d'ici cinq ans, explique Caroline Rousseau, vice-présidente, ressources humaines, de Loblaw au Québec. Nous sommes très satisfaits des résultats de cette première cohorte dont fait partie Mylène. On se considère comme des précurseurs dans ce genre de stratégie pour assurer la relève à la direction. " Loblaw et ses filiales emploient 139 000 personnes au Canada, dont 30 000 au Québec.Neuf au Québec
Début 2009, Mme McIntyre dépose sa candidature sur Internet. " J'avais le choix : la finance, les ressources humaines, le marketing, le développement de la marque, etc. Moi, j'ai choisi l'exploitation, dans le but de devenir directrice de magasin ", explique-t-elle.
La jeune femme est conviée à une entrevue en groupe avec des dirigeants de Loblaw, pour se faire expliquer le programme et pour réaliser une étude de cas en groupe. Un mois plus tard, elle apprend qu'elle est sélectionnée, comme huit autres candidats du Québec, tous diplômés universitaires.
Le programme commence par une rencontre de trois jours de tous les candidats reçus au Canada, au siège social de Loblaw, à Toronto. " Même Galen Weston est venu nous rencontrer ", souligne Mme McIntyre. Puis, on l'envoie au magasin de Delson, en banlieue de Montréal, pendant six mois. Elle se familiarise avec toutes les tâches en magasin, au même salaire qu'un employé régulier. Le programme n'est pas un moyen détourné d'attirer de la main-d'oeuvre bon marché.
Mme McIntyre retourne ensuite au siège social de Loblaw où, pendant trois mois, elle apprend les rudiments de la mise en marché, principalement dans les viandes transformées, à sa demande. Elle assiste à de vraies négociations entre l'acheteur, Loblaw, et des fournisseurs. " Je n'étais pas parfaitement bilingue, mais on m'a aidée ", indique Mme McIntyre.
Elle revient ensuite à l'épicerie Loblaws de la rue King-George, à Longueuil, où elle est nommée directrice adjointe en formation. Au moment où nous l'avons rencontrée, il lui restait un mois pour finir le stage qui en compte neuf.
Un emploi garanti à la fin du stage
" Le contrat que j'ai signé avec Loblaw ne m'oblige pas à rester dans l'entreprise à la fin du programme. Mais je vais rester, parce que j'adore cela, affirme la jeune femme. "
Quand on lui fait remarquer qu'elle devra, toute sa vie, travailler de 45 à 50 heures par semaine, un soir par semaine et une fin de semaine sur deux et faire une croix sur des vacances pendant la période des Fêtes, Mme Mc Intyre répond candidement : " Mon chum travaille au gouvernement; il aura le temps de s'occuper des enfants ! "
Si, dans un mois, aucun poste de directrice adjointe n'est disponible sur la Rive-Sud ou si Loblaw juge qu'elle n'est pas prête à occuper ce poste, Mme McIntyre pourrait être gérante d'un département, en attendant. Mais pas question de faire poireauter les candidats qui ont réussi le programme, assure Mme Rousseau. " Nous ferons le maximum pour leur trouver le plus tôt possible le poste pour lequel ils ont été formés. "
Texte publié le 29 octobre 2010