Produits forestiers Résolu a renoué avec les profits à l’automne dernier. Maintenant que le pire est derrière lui, le pdg Richard Garneau s’inquiète des interventions gouvernementales «au cas par cas», comme celle qui a permis de rouvrir une usine rivale en Nouvelle-Écosse. Des «avantages déloyaux», selon lui.
À Port-Hawkesbury, Pacific West Commercial Corp. a rouvert les anciennes installations de NewPage Paper, grâce à une aide provinciale de 124,5 M $. «L’usine fabrique les mêmes grades de papier que nos usines Kénogami et Laurentide», a déploré Richard Garneau en marge d'une allocution au Cercle canadien de la finance, le 21 janvier, à Montréal.
Selon lui, les autorités devraient «considérer de façon beaucoup plus rigoureuse l’impact que ça peut avoir sur les usines qui sont encore en production.»
Il n'est pas le seul à sourciller devant cet appui gouvernemental massif. Selon le quotidien Bangore Daily News, au Maine, Washington enquête en ce moment pour vérifier s'il viole les accords signés par le Canada au sein de l'Organisation mondiale du commerce.
Prestations réduites
Prestations réduites
Résolu en a aussi contre les arrangements avec la Régie des rentes du Québec (RRQ) permettant à des entreprises rivales de sabrer dans les régimes de retraite dans un processus de restructuration. «Dans le cas de notre compagnie, on paye encore nos retraités ; ils n’ont eu aucune réduction de leur rente de retraite», dit Richard Garneau.
Le pdg n’a pas nommé Papiers White Birch, mais il faisait sans doute allusion à cette petite papetière rivale, qui a rouvert son usine de Québec en négociant des réductions de prestations. Jusqu’ici, le régime de retraite de la compagnie a été amputé de 40 %, et les négociations s’étirent.
Prem Watsa, pdg de Fairfax, principal actionnaire de Résolu, a dénoncé ces arrangements sur le dos des retraités lors d'une entrevue avec Les Affaires l'an dernier, en pleintes négociations entre la nouvelle direction de White Birch, ses employés et la RRQ.
Produits forestiers Résolu a néanmoins obtenu une prolongation jusqu’en 2025 de la période permise pour combler le déficit actuariel de son régime de retraite. Le 14 janvier, après de longues négociations avec l’entreprise et les syndicats d’employés, la RRQ a aussi proposé aux employés de garantir leurs prestations de retraite, mais proportionnellement au niveau de solvabilité actuel du régime, qui se situe en moyenne à 70 %, selon l’entreprise.
Baisse des approvisionnements
Baisse des approvisionnements
Richard Garneau craint aussi l’effet du nouveau régime forestier, qui entrera en vigueur le 1er avril 2013.
«En 2008, le niveau de récolte a diminué de 20% ; au 1er avril 2013, il y aura une coupe de 10 % supplémentaire, dit-il. Ça s’additionne à 30 % du volume garanti que Résolu avait auparavant qui nous a été retiré pour mettre le bois aux enchères. Ça réduit le volume garanti pour nos scieries de façon très importante et on est très préoccupés sur les impacts que ça va avoir sur les coûts livrés à nos usines de pâtes et papiers.»
Résolu tentera de s’adapter au nouveau régime, ajoute-t-il. «Mais il reste que pour pouvoir continuer à travailler au Québec, il faut avoir des conditions compétitives.»
Selon lui, les coûts d’approvisionnement en bois aux usines de pâte et papier est 46 % plus élevé au Québec qu’aux États-Unis.
Résolu a malgré tout fait le gros de ses investissements au Québec en 2012. L’entreprise y a injecté 215 M $, notamment en achetant Fibrek, qui compte trois installations, dont une usine de pâte kraft à Saint-Félicien, au Lac-Saint-Jean.
L'entreprise réalise 36 % de sa production au Québec. Les autres installations sont en Ontario, aux États-Unis et en Corée du Sud.