Le tremblement de terre au Japon et les bouleversements politiques au Moyen-Orient sont des drames humains terribles, mais ne devraient pas avoir de conséquences à long terme pour les investisseurs canadiens, selon les analystes financiers.
Ces catastrophes ne représentent que deux facteurs parmi les nombreuses contingences économiques qui ont rendu les marchés financiers nerveux au cours des derniers jours. La dette européenne, l'important déficit américain et l'inflation du prix des aliments en Chine s'ajoutent à ces éléments.
Le facteur déterminant sera la vitesse à laquelle les États-Unis surmonteront la crise a déclaré, jeudi, Paul Taylor, directeur des investissements chez BMO Banque privée Harris, lors d'une conférence téléphonique.
Même s'il est pratiquement impossible d'être complètement à l'abri des fléaux naturels et des crises géopolitiques, un choix diversifié de ses placements en fonction de leur origine et de la classe d'actif permet de se prémunir des mauvaises surprises et du stress qui les accompagne.
Selon les analystes, les investisseurs qui planifient une retraite à long terme devront se préparer à naviguer à travers ces nids de poule qui surgissent régulièrement.
La crise mondiale du crédit qui a frappé les banques en 2008 a secoué le Canada, mais des catastrophes comme l'ouragan Katrina en Nouvelle-Orléans, les séismes en Haïti et au Kobé, même les attentats du 11 septembre 2001, ont eu des impacts limités au pays, selon Éric Lascelles, économiste en chef de RBC Gestion d'actifs. "Habituellement, les marchés rebondissent assez rapidement après avoir piqué du nez et deux semaines plus tard vous avez remonté la pente" a-t-il déclaré en entrevue.
La pire chose à faire dans ces circonstances serait de paniquer et de vendre ses actions à perte alors qu'elles sont au plus bas, a ajouté M. Lascelles en faisant remarquer que les effets sur le produit intérieur brut (PIB) seraient minimes.
Le Japon est la troisième économie mondiale. Toutefois, seulement trois pour cent des exportations canadiennes sont dirigées vers ce pays insulaire. Cela explique le peu d'incidence de la catastrophe du 11 mars sur le PIB et les profits des entreprises.
Au dire de Steve Deschesnes, conseiller en placements chez Desjardins sécurité financière, l'impact sur le Canada aurait été bien pire si le séisme avait eu lieu en Chine. "Ce n'est pas une très bonne chose, mais, à moins que les centrales nucléaires n'émettent des fuites radioactives fatales, le tremblement de terre ne devrait pas avoir d'effet sur le marché canadien des investisseurs."
Une étude menée par le Mouvement Desjardins portant sur huit catastrophes naturelles survenues au cours des 22 dernières années dans des pays riches comme le Japon a conclu que cela avait eu un très léger impact.
Les révoltes et les chutes de gouvernement dans les pays du Moyen-Orient demeurent d'autres sources de préoccupation dans le monde financier.
Les projets de l'importante firme de génie SNC-Lavalin (TSX:SNC) en Libye ont dû être mis en vielleuse, mais peu de Canadiens ont des liens d'affaires avec ce pays d'Afrique du Nord.
L'interruption de l'approvisionnement en pétrole en provenance de Libye se traduit par un manque d'environ 1,6 million de barils par jour, soit seulement 2 pour cent de la production mondiale.
Le choc pétrolier des années 1970 et la révolution iranienne de 1980 avaient privé les consommateurs de quatre à six millions de barils par jour. La principale crainte présentement est que la révolution qui a provoqué la chute des gouvernements tunisien et égyptien ne se propage aux royaumes du pétrole que sont les Bahreïn et l'Arabie Saoudite.
L'incertitude qui a généré une flambée des prix du mazout à court terme devrait avoir disparu au cours du prochain mois a conclu pour sa part le directeur des investissements chez BMO Banque privée Harris Paul Taylor.