Le déficit commercial du Canada a beau atteindre un sommet historique, la création de l'emploi être en panne et le secteur de l'immobilier montrer des signes de fatigue, rien se semble freiner l'ascension du huard.
Le dollar canadien gravite depuis quelques jours à des sommets inégalés en un peu plus d’un an, se rapprochant aujourd’hui de la barre des 1,03 $ US. Il y a à peine deux mois, le huard se retrouvait à un creux depuis six mois. Pourquoi un tel revirement de situation?
La situation internationale a simplement pris le dessus sur les facteurs d’influence domestiques, indiquent les économistes consultés par LesAffaires.com
En fait, il y a beaucoup d’anticipation, surtout envers la Réserve fédérale américaine (Fed), qui doit rendre jeudi sa plus récente décision quant à son taux directeur. « Cela amène à mettre les données canadiennes de côté », souligne Camilla Sutton, stratège en chef, devises, pour la Scotiabank.
Les investisseurs s’attendent pour la plupart à ce que la Fed annonce jeudi un autre programme de rachat de titres afin de stimuler l’économie américaine. Ce scénario, même s’il n’est pas encore concrétisé, dévalue le dollar américain.
Selon elle, le fait que le gouverneur de la Banque du Canada Mark Carney a fermé la porte à une hausse prochaine du taux directeur a aussi contribué à la remontée de la devise canadienne face au billet vert.
« Le marché a maintenant des attentes assez stables » face au taux directeur et aux actions de la Banque du Canada, a ajouté Mathieu D’Anjou, économiste principal chez Desjardins études économiques. Pour sa part, la récente remontée des prix des matières premières, comme les métaux et le pétrole, a contribué au phénomène. Le récent plan de stimulation économique annoncé en Chine vers la fin de la semaine dernière peut avoir amplifié le tout depuis quelques jours.
Tout ça mis ensemble, le huard se retrouve dans un mouvement cyclique, explique Camilla Sutton. « Une fois que la décision de la Fed sera rendue, cela laissera de l’espace pour regarder autour. Là, le dollar pourrait réagir davantage en fonction des indicateurs économiques domestiques » au courant des prochaines semaines, indique-t-elle. La plupart des banques centrales importantes se seront prononcées, et cet élément de surprise sera écarté pour les marchés.
Le Canada, un refuge
Une autre explication existe cependant, selon Carlos Leitao, économiste en chef de Valeurs mobilières Banque Laurentienne. « À court terme, le facteur primordial, c’est l’attrait des actifs canadiens en tant que valeur refuge », plaide M. Leitao. Les flux monétaires entrants au pays expliquent selon lui la remontée du dollar.
À son avis, le déficit commercial canadien qui a atteint un creux historique en juillet devrait jouer un rôle plus fondamental, d’autant que l’économie mondiale continue de ralentir. « Fondamentalement, le dollar canadien devrait être plus faible », conclut-il.
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