Les prix de l'or et de l'argent ont dégringolé cette semaine, minés par un reflux des craintes inflationnistes après l'annonce du prochain retrait progressif des mesures de soutien extraordinaires de la Réserve fédérale américaine (Fed) à l'économie des États-Unis.
L'or a perdu près de 100$ US au cours de la dernière semaine, tombant jeudi sous la barre des 1300$ US l'once pour la première fois en près de trois ans, pour atteindre vendredi 1295,45$ US, son plus bas niveau depuis mi-septembre 2010. Les titres du secteur ont regagné de la vigueur vendredi, mais les géants Barrick Gold et Goldcorp ont tout de même perdu respectivement 10,7% et 9,2% au cours des cinq dernière séances.
«C'est la panique qui dominait les marchés de l'or et de l'argent jeudi: (...) l'or a perdu 4,9% et l'argent 7,9%», ont indiqué les analystes de Commerzbank.
La chute des cours a été motivée par l'annonce d'un retrait progressif des énormes mesures de soutien de la Fed à l'économie américaine.
Si tant est que la conjoncture économique des États-Unis continue de s'embellir, la banque centrale américaine réduira le rythme de ses rachats de bons du Trésor et de titres hypothécaires.
Faible inflation
La perspective d'un retrait de ces injections de liquidités, qui diluent la valeur du dollar, ont encore apaisé les inquiétudes sur le regain d'une inflation déjà très basse.
«Avec une inflation actuelle faible, il devient de moins en moins intéressant de détenir de l'or», ont expliqué les analystes de Commerzbank.
Le métal jaune est en effet traditionnellement considéré comme un bouclier contre la hausse des prix à la consommation.
Mais comme il n'offre aucun rendement, il est délaissé dès lors que les craintes inflationnistes refluent.
L'or est maintenant entré dans un cercle vicieux: «plus les cours baissent, plus cela encourage la liquidation des FNB (fonds d'investissement adossés à des stocks physiques d'or, ndlr)», a expliqué David Govett, de Marex Spectron.
Le plus gros de ces fonds, le SPDR Gold Trust, a ainsi vu ses participations tomber sous la barre des 1000 tonnes d'or cette semaine.
Quant à la demande physique d'or, elle n'est pas non plus en très bonne forme : en Inde, où les autorités indiennes ont relevé les droits de douanes sur le métal jaune et où la roupie est à son minimum historique face au dollar, les importations d'or devraient avoir diminué en juin, prévoient des analystes.
La quatrième économie mondiale est le premier consommateur de métal jaune de la planète.
Sur le London Bullion Market, l'once d'or a terminé à 1295,25$ US au fixing du soir, contre 1391,25$ US le vendredi précédent.
Argent
Dans le sillage de l'or, auquel il constitue une alternative bon marché, l'argent s'est effondré cette semaine. Il est tombé vendredi à son plus bas depuis septembre 2010, à 19,39$ US l'once.
«L'argent perd encore plus de son clinquant en repassant sous la barre symbolique des 20 dollars», ont noté les analystes de Saxo Banque, soulignant que le métal blanc terminait la semaine sur une perte de 10,5%.
L'once d'argent a terminé vendredi à 19,87$ US, contre 21,69$ US sept jours auparavant.
Autres métaux précieux
Les métaux platinoïdes, qui sont principalement utilisés dans l'industrie automobile pour la construction de pots catalytiques, se sont également écroulés cette semaine dans le sillage de l'or.
Le platine a atteint vendredi un point bas depuis novembre 2009, à 1.334,30 dollars l'once, tandis que le palladium retrouvait ses niveaux d'avril dernier, à 655,25 dollars l'once.
Le platine a subi "l'aversion croissante des investisseurs pour les actifs à risques et la publication mardi des statistiques de ventes de voitures en Europe révélant une chute des ventes de 6% en mai en rythme annuel, un plus bas en 20 ans", a relevé Platinum Today, un site d'information appartenant au premier affineur mondial de platinoïdes Johnson Matthey.
Sur le London Platinum and Palladium Market, l'once de platine a terminé vendredi soir à 1.395 dollars, contre 1.448 dollars une semaine auparavant.
L'once de palladium a fini à 672 dollars, contre 728 dollars la semaine précédente.