Le Dow Jones a touché un sommet historique mardi. Les investisseurs auront-ils le vertige prochainement? LesAffaires.com rapporte le point de vue de trois experts.
Depuis le début de l’année, le S&P 500, qui compte les 500 plus grandes capitalisations boursières américaines, a augmenté de presque 8%. Depuis 12 mois, le même indice s’est apprécié de plus de 13%. Depuis son creux de 12 mois en juin dernier, le rebond est de 20%.
La récente progression rend les marchés américains plus fragiles à une correction, croit Stephen Gauthier, stratège et gestionnaire principal chez Fin-Xo Valeurs mobilières. Même si ce constat invite à la prudence, M. Gauthier prévoit tout de même un marché haussier pour les deux à trois prochaines années.
Le S&P 500 a déjà comblé une bonne partie de la prévision du stratège, qui anticipe une croissance de 10% pour l’indice américain en 2013. « Les actions américaines ont progressé très vite, mais pas nécessairement pour les bonnes raisons, explique-t-il. Les investisseurs ont vu la Bourse monter et ils n’ont pas voulu manquer le bateau. Ça ouvre la porte pour une prise de profit.»Les actions sont devenues beaucoup moins abordables et le risque d’un retour de l’incertitude est relativement élevé, écrit Stéfane Marion, stratège et économiste en chef de la Banque Nationale, dans une note publiée lundi « Le risque d’une nouvelle crise a peut-être été atténué l’été dernier, mais les défis pour l’économie mondiale demeurent formidables et nous n’excluons pas la possibilité d’un regain de volatilité sur les marchés à court terme. »
M. Marion note que les marchés internationaux ont connu une forte progression, même si les prévisions de bénéfices sont revues à la baisse. « Il est dérangeant de voir que le MSCI Monde a grimpé de 21,6% alors que le chiffre qui faisait consensus pour le bénéfice 2013 a été révisé à la baisse de 9%. »
Économie
Les investisseurs sont plus endurants à l’incertitude politique et économique. Les élections sans victoires décisives en Italie et les compressions automatiques adoptées aux États-Unis ont été accueillies avec un haussement d’épaules.
Ce calme remet en perspective certaines craintes, croit Jean-René Ouellet, analyste financier de Valeurs mobilières Desjardins. « Sur 10 ans, les réductions représentent 3% des dépenses du gouvernement, constate-t-il. Cela implique une réduction de 0,5 point de pourcentage à la croissance du PIB.»En Europe, les nouvelles ne sont pas positives, mais celles-ci sont anticipées par le marché, nuance M. Ouellet. Il ajoute que l’Europe s’est donné des mécanismes pour régler les problèmes budgétaires, notamment le Fonds de stabilité de 500 milliards d’euros.
M. Gauthier pense cependant qu’il ne faut pas ignorer la situation économique pour autant. « Il y a un enthousiasme parce que le marché de l’immobilier va bien aux États-Unis et cela devrait se poursuivre, constate-t-il. L’impact sur la création d’emploi est tangible, mais il n’y en a pas nécessairement pour les sociétés américaines. Il ne faut pas oublier que la récession en Europe aura un impact important sur leurs chiffres d’affaires. »
L’herbe est-elle plus verte ailleurs ?
Une prise de profit pourrait pointer son nez à court terme, mais les particuliers doivent se demander s’il y a une solution de rechange à long terme, rappelle Jean-René Ouellet. « Les gens ont le choix entre des obligations dont le prix ne peut plus augmenter ou le marché boursier », illustre-t-il.
M. Ouellet rappelle que 75% des sociétés du S&P 500 ont battu les attentes au quatrième trimestre. C’est le meilleur taux depuis un an et demi. « Lorsqu’on sait qu’il n’y a pas eu de recul de 3% depuis 110 jours, c’est sûr qu’on peut s’attendre à une correction, ajoute-t-il. Les investisseurs ont stationné d’importantes sommes dans les liquidités, qui ne procurent aucun rendement. Ils attendent une correction pour redéployer leur capital. »