La perte par les Etats-Unis de leur note AAA a donné le coup d'envoi d'une semaine de panique pour les Bourses mondiales, qui ont frôlé à plusieurs reprises le krach, au gré de rumeurs plus alarmistes les unes que les autres, mettant la France en première ligne.
Le début de l'aventure commence par un coup de tonnerre bien réel: dans la nuit de vendredi à samedi, l'agence Standard and Poor's retire aux Etats-Unis sa note d'excellence, le triple A, soulevant un doute sur la capacité du pays à rembourser sa dette.
Les investisseurs ont tout le week-end pour digérer la nouvelle, mais d'ores et déjà le spectre d'un krach plane sur la réouverture des marchés lundi matin, à l'image de la chute de 7% à Tel Aviv dimanche.
Il n'en est d'abord rien. Les grands dirigeants ont multiplié les déclarations rassurantes. Lundi à mi-journée, les Bourses asiatiques ferment en recul de quelques pourcents, les Bourses européennes sont sur la même lignée, on est loin de la catastrophe annoncée.
Tout ceci n'est que façade et avec l'ouverture de Wall Street, la panique gagne les deux côtés de l'Atlantique.
Paris termine sur une chute de 4,68% et Francfort de 5,02% et New York signe sa pire journée depuis fin 2010: le Dow Jones lâche 5,55%, le Nasdaq 6,90%.
Nouveau jour, nouvelle séance, mardi la sérénité semble de retour. Les craintes d'une nouvelle récession aux Etats-Unis et d'une contagion de la crise de la dette en zone euro demeurent, mais les Bourses européennes rebondissent timidement.
Comme la Banque centrale européenne dès dimanche, qui a procédé à des rachats de titres de dette, la Fed se plie à son tour à une opération d'apaisement, avec de nouvelles mesures de relance en vue.
Cela suffit à enflammer Wall Street, où le Dow Jones regagne 3,98% et le Nasdaq 5,29%.
Mercredi, l'optimisme se répand sur l'Asie (Tokyo +1,05%, Hong Kong +2,34%).
Les Bourses du Vieux Continent ouvrent dans le même état d'esprit, naviguant dans le vert.
Mais tout bascule en début d'après-midi. D'un seul coup. Sans raison évidente. Des rumeurs fantaisistes instillent la panique.
Elles concernent d'abord la note AAA de la France, qui pourrait tomber à son tour. L'agence de notation Fitch monte au créneau pour démentir, Bercy assure qu'il n'y a "pas de risque de dégradation".
Rien n'y fait. Vers 16H00, c'est le sauve-qui-peut sur les marchés. Le Dow Jones perd plus de 3% comme Francfort, Paris s'enfonce de presque 5%.
Le retour de vacances anticipé du président Nicolas Sarkozy pour une réunion de crise rend l'ambiance encore plus électrique.
Les banques sont en ligne de mire et une plus particulièrement: le titre de la Société Générale est attaqué sur des rumeurs de faillite amplement relayées sur Internet.
L'ensemble des actions bancaires, tant européennes qu'américaines, paient très cher ces bruits. La Société Générale doit défendre sa santé financière, tout comme BNP Paribas ensuite.
Le constat de mercredi est calamiteux: -5,45% pour Paris, -3,05% pour Londres, -5,13% pour Francfort et plus de -4% pour Wall Street.
Ce n'est pas un krach boursier au sens strict (-10% sur une séance ou -20% sur une semaine), mais on n'en est pas loin.
A la réouverture des marchés jeudi, personne ne sait à quoi s'attendre. Les évolutions sont erratiques, les retournements multiples.
Au final, soutenues par l'annonce d'une rencontre mardi entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel et une timide amélioration des chiffres du chômage américain, les Bourses signent un vif rebond de 3% à 4%, selon les places.
Pour freiner les ravages des rumeurs, les autorités boursières de France, Italie, Espagne et Belgique décident, dans la nuit, d'interdire partiellement la pratique spéculative des ventes à découvert.
Gagnant de cette semaine folle, l'or, refuge d'excellence pour investisseurs nerveux, dépasse 1.800 dollars l'once, un record. De même, le franc suisse a touché des sommets, frôlant la parité avec l'euro.
Vendredi, la fébrilité restait à son comble. Des séances européennes ouvrant dans le rouge, basculant dans le vert en matinée, avançant vers une fin de semaine des plus incertaines.
Le week-end va-t-il permettre aux marchés de retrouver un peu de torpeur estivale ? Rien n'est moins sûr.
"Au vu de l'effritement de la confiance dans les dernières semaines, il est difficile de parier sur un rebond pérenne dans l'immédiat", estime Gary Evans, stratégiste chez HSBC.
"Il faudra plusieurs mois avant que la fumée de ces derniers jours ne se dissipe."