Les Bourses mondiales ont flambé et l'euro a fermement rebondi lundi, stimulés par des rumeurs évoquant un assouplissement de la position de l'Allemagne sur le rôle de la Banque centrale européenne (BCE) pour juguler la crise de la dette, ou encore des mesures d'aide à l'Italie.
"Il y a beaucoup de rumeurs. Berlin serait notamment prêt à autoriser la BCE à jouer un rôle plus important pour juguler la crise en échange de gages sur la rigueur budgétaire", a expliqué Eric Hassid, vendeur d'actions chez Aurel BGC.
A la clôture, la Bourse de Paris a bondi de 5,46%, Francfort de 4,60%, Milan de 4,60% également, Madrid de 4,59% et Londres de 2,87%.
La tendance était également très positive à New York. Vers 10H45, l'indice Dow Jones progressait de 2,79% et le Nasdaq de 3,10%.
"Les dirigeants de la zone euro font des progrès dans leur combat contre la crise de la dette", se sont félicités les analystes de Charles Schwab. De plus, aux Etats-Unis, le marché a salué les bons résultats du "Black Friday", la grande fête des soldes du vendredi qui suit Thanksgiving, au cours de laquelle les ventes ont augmenté de 7% cette année malgré la crise économique.
Sur le marché des changes, l'euro s'appréciait à 1,3343 dollar vers 16H45 GMT, contre 1,3240 dollar vendredi vers 22H00 GMT. La monnaie unique européenne était tombée vendredi à 1,3212 dollar, un plus bas depuis le 4 octobre.
La Bourse de Tokyo a terminé en hausse de 1,56%, celle de Hong Kong de 1,97%.
Sur tous les marchés, les valeurs bancaires, les plus sensibles à la crise, ont mené la danse: en Italie, UniCredit a pris 8,14% et Intesa Sanpaolo 7,04%. En France, BNP-Paribas s'est envolé de 10,33% et Société Générale de 9,60%.
Partout, le moral des investisseurs était soutenu par l'espoir que l'Allemagne revienne sur son opposition à une intervention massive de la BCE pour aider les pays les plus fragiles de la zone euro, en échange d'un durcissement de la discipline budgétaire et de la surveillance des Etats.
"L'Allemagne est désormais touchée par la crise et est donc plus à même de mettre de l'eau dans son vin", a commenté Renaud Murail, gérant d'actions chez Barclays Bourse. Il s'attendait à des avancées en la matière lors de la réunion de l'Eurogroupe mardi, et lors du sommet européen des 8 et 9 décembre.
Des rumeurs faisaient également état de discussions entre le FMI et l'Italie. Selon le quotidien La Stampa, le Fonds pourrait débloquer entre 400 et 600 milliards d'euros, ce qui permettrait à la péninsule, très lourdement endettée, de disposer d'une fenêtre de 12 à 18 mois pour mettre en place des réductions budgétaires et des réformes économiques.
Le FMI a démenti, mais cela n'a pas suffi pour doucher l'euphorie boursière.
"On ne sait pas très bien comment on va aider l'Italie mais ce qui est certain c'est que Paris et Berlin sont au pied du mur et vont devoir agir très rapidement", a souligné Alexandre Baradez, analyste chez Saxo Banque.
Si ce n'est pas avec le FMI, "plusieurs solutions sont sur la table avec le Fonds européen de stabilité financière nouveau format qui sera présenté demain (mardi lors de l'Eurogroupe, ndlr) ou la Banque centrale européenne", ont estimé les stratégistes du Crédit Mutuel-CIC.
Ces espoirs apparaissent alors que la situation en zone euro ne cesse de s'aggraver, notamment pour ce qui est des obligations des Etats les plus fragiles.
Le coût de l'emprunt sur les marchés semble de plus en plus ingérable pour l'Italie: Rome a réussi à émettre ce lundi 567 millions d'euros d'obligations à échéance 2023 mais à un taux astronomique (7,3% contre 4,6% lors de la dernière opération similaire).