La production industrielle est restée stable en décembre dans la zone euro, preuve que la région a du mal à renouer avec la croissance, estiment les économistes.
La production avait progressé d'un petit 0,1 % (chiffre révisé) en novembre, selon les chiffres communiqués jeudi par l'office européen de statistiques Eurostat.
La stabilité du mois de décembre est une « déception » pour les économistes, souligne Teunis Brosens, d'ING. Leur consensus prévoyait une hausse de 0,2 %. Cette stagnation « confirme que l'économie de la région reste bien trop faible pour repousser la menace de déflation », ajoute Jennifer McKeown, de Capital Economics.
Pour Howard Archer, d'IHS Global Insight, « le secteur manufacturier de la zone euro vit toujours des temps difficiles ». Mais il voit un signe positif dans le fait que malgré la stagnation de décembre, la production industrielle a augmenté de 0,2 % sur les trois derniers mois de 2014.
Cela « apportera une contribution modeste à la progression du PIB au quatrième trimestre », qui devrait s'établir à 0,2 % pour la zone euro, anticipe-t-il. Le chiffre sera publié vendredi par Eurostat.
Sur un an, de décembre 2013 à décembre 2014, la production industrielle a reculé de 0,2 % dans la zone euro.
Dans le détail, par rapport à novembre, la situation est contrastée avec des hausses de la production de 2,3 % pour les biens de consommation durables, 1,1 % pour les biens intermédiaires, 1,0 % pour l'énergie et 0,2 % pour les biens d'investissement, mais une baisse de 1,8 % pour les biens de consommation non durables.
Par pays, l'Irlande a enregistré une baisse spectaculaire (-12,4 %), après des hausses bien supérieures à la moyenne des autres pays de la zone euro en octobre (+7,5 %) et en novembre (+4,6 %). Le Portugal a enregistré une baisse de 3,6 %, et Malte de 3,3 %.
Côté hausses, une fois n'est pas coutume, c'est la France qui s'est placée en tête avec une progression de 1,6 %, devançant l'Allemagne (+0,5 %) ou encore l'Italie (+0,4 %).
Dans l'ensemble de l'Union européenne, la production industrielle a augmenté de 0,1 % sur un mois, et baissé de 0,3 % sur un an. Par rapport à 2013, la production industrielle moyenne de l'année 2014 a progressé de 0,6 % dans la zone euro, et de 1,0 % dans l'UE à 28.
Les économistes ont désormais les yeux tournés vers 2015, espérant, à l'instar de Teunis Brosens, que « le pétrole bon marché et l'euro plus faible contribueront à relancer la croissance ».
L'inconnue posée par l'avenir de la Grèce, au sein ou en-dehors de la zone euro, pourrait peser, en pleine impasse des discussions entre Athènes et ses créanciers. « La crise grecque pourrait peser encore plus sur le sentiment économique, avec des conséquences négatives pour la production », craint Jennifer McKeown. Les dirigeants du secteur manufacturier n'ont plus qu'à « espérer que la situation grecque ne finira pas par affecter gravement l'activité économique de la zone euro », acquiesce Howard Archer.