Les Canadiens ne devraient pas être complaisants face à la crise de la dette qui sévit en Europe, car le pays pourrait un jour subir un sort similaire si les provinces continuent de gérer leurs finances publiques comme elles le font actuellement, soutient une étude dévoilée jeudi par l’Institut Macdonald-Laurier.
Plusieurs provinces risquent de faire défaut d’ici 10 à 20 ans si elles ne donnent pas un sérieux coup de barre à leurs finances publiques, soutient Marc Joffe, un consultant en matière de solutions de crédit de San Francisco, qui a réalisé l’analyse pour le compte de l'Institut Macdonald-Laurier, un groupe de réflexion non partisan d’Ottawa.
Surprise, ce n'est pas le Québec qui risque le plus de se retrouver un jour en défaut, selon M. Joffe, mais bien l’Ontario et... l’Alberta.
Selon les conclusions de l’étude, l’Ontario est en effet la province qui affiche la plus grande probabilité de faire défaut d’ici 10, 15 ou 20 ans. Sur un horizon de 30 ans, c’est l’Alberta qui affiche la probabilité de défaut la plus élevée, même si elle n’a actuellement aucune dette et qu’elle peut se targuer d'avoir la meilleure cote de crédit provinciale du pays.
En plus de traîner la dette la plus élevée au pays après le Québec, l’Ontario enregistre des déficits chroniques, souligne M. Joffe. À l’instar de l’Ontario, l’Alberta affiche aussi de lourds déficits, une situation qui devrait perdurer pendant plusieurs années.
Le Québec moins dépendant des ressources
Bien que le Québec affiche aussi d’importants déficits, les finances publiques de la province reposent moins sur les prix volatils des matières premières que l’Alberta, observe M. Joffe. Ainsi, la probabilité que le Québec fasse défaut dans 20 ans est de 8,1%, une probabilité qui grimpe à 28,2 % sur un horizon de 30 ans.
À titre comparatif, l’Ontario affiche une probabilité de défaut de 42,9 % dans 20 ans et de 79,3 % dans 30 ans. L’Alberta, de 42,4 % dans 20 ans et de 79,3 % dans 30 ans.
Présentement, les taux d’intérêt à long terme des obligations provinciales n’illustrent pas les risques réels de défaut, possiblement parce que les investisseurs présument qu’Ottawa viendra à la rescousse des provinces en difficulté, croit l'auteur de l'étude.
Cela dit, aucune province ne risque de faire défaut à court terme, précise M. Joffe.