La croissance économique du Québec a passablement ralenti au deuxième trimestre et «rien n’indique que l’économie reprendra du tonus au cours de l’automne». C’est du moins l’opinion de François Dupuis, vice-président et économiste en chef, et d’Yves St-Maurice, directeur et économiste en chef adjoint, de Desjardins Études économiques.
Ainsi, la plupart des statistiques économiques continuent de décevoir, selon eux. L’Indice précurseur Desjardins, qui dicte les tendances à venir de l’économie, a d’ailleurs fléchi pour un second mois consécutif, signe que la province connaît actuellement un ralentissement économique.
Un exemple éclairant : les exportations internationales du Québec, qui ont de nouveau reculé en juillet (-7,3%). «Il faudra patienter jusqu’à l’an prochain avant que la situation s’améliore pour de bon», selon les experts de Desjardins. Cela étant, la demande intérieure semble assez solide pour éviter une détérioration trop importante de l’économie québécoise : «les dépenses des ménages, des gouvernements ainsi que l’investissement des entreprises devraient alimenter la croissance au cours des prochains trimestres».
En conséquence, la progression annualisée du PIB réel du Québec pourrait s’essouffler autour de 1,5% au troisième trimestre de 2010, un rythme moins soutenu que celui de 2% du trimestre précédent. «Cette récente évolution est assez conforme à ce qui était anticipé, ce qui permet de maintenir notre prévision pour 2010 à 2,7%, et celle pour 2011 à 2,3%», indique l’étude.
Pendant le même temps, le taux d’inflation devrait aller croissant au Québec. Il serait de 1,5% sur l’ensemble de 2010 et de 2,8% - presque le double - en 2011. Ce dernier chiffre est le plus élevé de toutes les économies industrialisées, d’après les prévisions de Desjardins pour 2011 : 2,5% au Canada, 2% aux Etats-Unis, 1,6% dans la zone euro, etc.
Une curiosité intrigue : le marché de l’emploi, qui continur de se porter relativement bien : 130 200 emplois se sont ajoutés depuis le creux de juillet 2009 et le taux de chômage a baissé rapidement (7,7% en septembre). Cela va-t-il continuer ou allons-nous plutôt assister à de nouvelles vagues de licenciements massifs? MM. Dupuis et St-Maurice ne s’avancent pas trop sur ce sujet. Ils notent toutefois, de manière indirecte, que les difficultés de l’économie mondiale, notamment aux États-Unis, ont ébranlé la confiance des ménages, et que si la tendance se maintient, «la croissance de la consommation pourrait être compromise». Bref, on risquerait de retomber en récession…
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