L'année 2012 sera difficile sur les plans économiques et financiers à l'échelle planétaire, et en particulier au Canada, mais une lueur d'espoir apparaît pour 2013, d’après François Dupuis, vice-président et économiste en chef, de Desjardins. Pourquoi? Essentiellement parce que la crise des dettes souveraines en zone euro s'est «tellement aggravée» qu'elle risque de contaminer nombre d’économies de la planète. Une opinion partagée par Christine Lagarde, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI).
Ainsi, le Canada ne pourra pas, l’an prochain, faire fi de la crise européenne. Alors que la situation économique se détériore rapidement en Europe, «le Canada avancera à pas lents, mais réguliers», estiment les analystes de Desjardins dans leurs Prévisions économiques et financières.
Les écueuils seront multiples et variés : «La faiblesse de l'économie américaine donnera du fil à retordre à nos exportations. Les prix des ressources devraient aussi s'affaiblir en 2012, conséquence du ralentissement mondial. La demande intérieure perdra de sa force, reflet d'une confiance des consommateurs et des entrepreneurs malmenée par les inquiétudes provoquées par la crise financière en Europe. Les gouvernements resteront aussi engagés à combattre les déficits publics, en réduisant leurs dépenses», indique l’étude.
«Dans ce contexte, le marché du travail sera plutôt calme en 2012, refroidissant les dépenses de consommation et la construction résidentielle. La croissance du produit intérieur brut (PIB) réel canadien devrait atteindre 2,1% en 2012 et 2,5% en 2013», avance Yves St-Maurice, directeur principal et économiste en chef adjoint, de Desjardins.
Au Québec aussi
Au Québec, les perspectives économiques semblent aussi fragiles qu’à la fin de l’été 2011. «La confiance des ménages et des entreprises tarde à se rétablir, les exportations stagnent et les ventes au détail manquent de tonus. Le marché du travail, qui commence à vaciller, s’ajoute maintenant aux préoccupations. Le cycle d’expansion devrait malgré tout se poursuivre, mais une faible progression du PIB caractérisera les prochains trimestres», considère le rapport de Desjardins, en soulignant que le PIB réel du Québec devrait croître de seulement 1,7% l’an prochain, contre 2,5% en 2010 et environ 1,7% en 2011.
Les ménages québécois seront donc mis à rude épreuve. Les hausses de taxes - à la suite de la hausse de la taxe de vente du Québec (TVQ) de 7,5 à 8,5% le 1er janvier 2011 - et de tarifs, qui ont totalisé plus de 2,5 milliards de dollars, ont freiné les dépenses de consommation d’environ 1% en 2011. «Une ponction similaire s’exercera en 2012 puisque la TVQ, la taxe sur l’essence et la contribution santé subiront des modifications équivalentes à celles de l’année précédente», peut-on lire dans les Prévisions.
Les exportations internationales de biens et services seront le talon d'Achille du Québec en 2012, «compte tenu de la faiblesse de l'économie américaine, de la récession en zone euro et de la situation précaire ailleurs dans le monde». «Le huard restera légèrement en dessous de la parité l’an prochain; il ne sera pas assez faible pour donner une impulsion aux exportations», prévoient les analystes de Desjardins.
Une inquiétude partagée par le FMI
De son côté, Christine Lagarde, la directrice générale du FMI, a déclaré aujourd’hui que la crise européenne de la dette représentait un risque pour toutes les économies du monde, au cours d'une visite au Nigeria, sa première en Afrique.
«Ce qui se passe dans les économies avancées, en particulier en Europe, est évidemment une source d'inquiétude pour tout le monde actuellement», a-t-elle dit à l’occasion d'un entretien avec David Mark, le président du Sénat nigérian, en soulignant qu’en raison de la gravité de la crise et des difficultés des Européens à y faire face, «la crise aura des répercussions dans toutes les économies du monde».
Mme Lagarde a expliqué que le FMI tentait en ce moment de comprendre quelles sont les connexions et à quel degré les pays peuvent être interconnectés. «Ce que nous observons, c'est une croissance en panne dans les économies avancées, avec une récession potentielle dans certains pays de l'Union européenne, notamment mon pays [la France], et des canaux de contagion qui peuvent être différents», a-t-elle poursuivi, en en citant trois, à savoir «les finances, le commerce et l'investissement direct étranger».
(Avec AFP.)