Tous les experts, malgré leur pessimisme face à la situation actuelle, restent optimistes quant aux perspectives chinoises à long terme. " La Chine offre une superbe occasion de placement à long terme ", dit Niels Jensen, gestionnaire pour Absolute Return Partners, en insistant sur l'expression long terme.
Par contre, d'ici là, les risques qu'un accident économique se produise sont élevés. Et ses répercussions mondiales seraient grandes et multiples. Un modeste ralentissement de la croissance en Chine aurait des répercussions majeures un peu partout dans le monde. En effet, tous les pays industrialisés, en Europe comme en Amérique du Nord, sans oublier les pays asiatiques, comptent sur la demande chinoise pour maintenir leur croissance économique.
Un ralentissement ou une récession en Chine déprimerait ainsi la croissance économique mondiale. Les États-Unis, dans leur relation symbiotique avec la Chine, seraient à coup sûr fortement touchés. La plupart de leurs grandes multinationales ont fait de ce pays un enjeu crucial pour leur développement. Un ralentissement ou une récession réduirait leur croissance.
Également, les Américains ont besoin des Chinois pour acheter un certain nombre de leurs titres de dettes.
Vitaliy Katsenelson, directeur des placements chez Investment Management Associates, prévoit que la Chine perdrait son appétit pour le dollar américain, devant plutôt vendre une partie de ses réserves afin de limiter les dégâts économiques. Le dollar américain pourrait ainsi perdre de la valeur par rapport à la devise chinoise.
M. Katsenelson estime également qu'on pourrait bien, dans ce scénario, observer une hausse des taux d'intérêt aux États-Unis, les autorités devant rendre leurs obligations plus intéressantes pour les Chinois. Une hausse significative des taux aurait des conséquences tant sur l'économie que sur les marchés financiers.
L'impact sur le Canada
Le Canada pourrait également être durement atteint. L'économie canadienne profite de nombreuses façons de la prospérité chinoise. Nous avons ainsi bénéficié de la forte hausse des prix des matières premières, comme le pétrole, le cuivre, l'or et les fertilisants. Ce sont tous des produits achetés goulûment par les Chinois.
Ce pays est un partenaire commercial de plus en plus important. En 2009, nos exportations ont reculé de 28 % en raison de la crise économique, mais ont crû de 7 % en Chine. La plupart de ces exportations sont des produits liés aux ressources naturelles.
Le secteur immobilier canadien serait également touché. Par exemple, dans l'ouest de Vancouver, une grande partie des acheteurs d'immeubles proviennent de Chine.
Le dollar canadien pourrait chuter de façon sensible, étant vu comme un actif pour tirer profit du contexte favorable des ressources, contexte qui a comme fondement la croissance en Chine.
Enfin, les conséquences boursières pourraient être brutales.
Les ressources
Une baisse du prix des ressources frapperait de nombreux producteurs canadiens, qui représentent une importante partie de la Bourse canadienne (au 28 février, les titres des ressources représentaient 50,5 % de l'indice S&P/TSX, alors que ce secteur constitue environ 4,5 % de notre produit intérieur brut).
M. Katsenelson affirme que les marchés des matières premières seraient les plus touchés. " Les producteurs de ressources naturelles et les pays exportateurs de ces ressources seraient les premières victimes. Alors que la demande chinoise chuterait, le prix du pétrole ferait de même, emportant avec lui les économies de la Russie et du Moyen-Orient ", prédit-il.
Le Brésil dans la mire des analystes
Un pays comme le Brésil serait ainsi fortement touché. Selon le service de recherches économiques GaveKal Research, la Chine représente 15 % des exportations brésiliennes, par rapport à 1,5 % il y a une décennie.
La demande de biens industriels dégringolerait, la Chine en achetant pour 500 milliards de dollars américains par année, selon GaveKal. C'est pourquoi, par exemple, James Chanos vend à découvert des titres d'importants producteurs de métaux, dont le producteur de fer brésilien Vale.
Vitaliy Katsenelson conseille aux investisseurs qui veulent se prémunir contre le risque d'un accident économique en Chine de diminuer l'importance des titres dans le secteur des ressources, dans les titres industriels de même que dans les pays exposés comme l'Australie, le Brésil, la Russie et le Canada.