Les placements en actions dans trois entreprises du secteur des sables bitumineux représentent presque le double des placements dans les 45 entreprises québécoises inscrites en Bourse présentes dans le portefeuille de la Caisse de dépôt et placement du Québec, affirme l’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC), qui questionne sérieusement la politique d’investissement de l'institution.
«Le discours sur la stratégie d’optimisation des rendements a mis le “bas de laine” des Québécoises et des Québécois au service du développement des énergies fossiles dans l’Ouest canadien, soutiennent Éric Pineault et François L’Italien, chargés de projet à l’IRÉC. Même les principaux déposants n’ont probablement pas eu leur mot à dire dans l’élaboration de ce programme qui va à l’encontre des valeurs et des politiques publiques de leur propre société.»
Les chiffres sont clairs, poursuivent les chercheurs. Au 3 août 2011, les placements directs de la Caisse dans des titres d'entreprises actives dans le secteur des sables bitumineux représentaient un investissement de 5,425 milliards $, soit plus de 14 % du portefeuille d'actions de l'institution.
Parmi les dix premiers placements en actions de la Caisse, quatre le sont dans des entreprises au coeur du secteur des sables bitumineux, dont Enbridge Inc., Enbridge LLP (une filiale de la précédente), Suncor et Canadian Natural Resources.
À eux quatre, ces placements représentent plus de 10 % du portefeuille en actions d’entreprises cotées en Bourse de la Caisse. En outre, trois de ces quatre entreprises bénéficient d’un placement total de près de quatre milliards de dollars (3,995 milliards $), ce qui veut dire que 10 % du portefeuille en actions de la Caisse est exposé à trois entreprises d’un même secteur.
«La politique d’investissement de la CDP dans le développement des sables bitumineux de l’Ouest canadien est en contradiction avec les engagements qu’a pris le gouvernement du Québec à l’égard de la lutte aux changements climatiques et à la « décarbonisation » de l’économie», estiment MM. Pineault et L’Italien.
Au moment de mettre en ligne, il n’avait pas été possible d’obtenir les commentaires de la Caisse de dépôt. Ces commentaires, le cas échéant, suivront.