MIRABEL - L'événement tant attendu, le vol inaugural du CSeries de Bombardier, se sera terminé peu après midi (12:23) par l'atterrissage de l'appareil, environ 2h30 après son décollage à l'aéroport de Mirabel.
L'appareil s'est posé, sous les applaudissements nourris, les sifflements et l'oeil attentif de quelque 3000 personnes, des employés pour la plupart, mais également des fournisseurs, des clients et des dirigeants de l'entreprise.
«C'est une journée magnifique, a déclaré tout sourire, le président de Bombardier, Pierre Beaudoin, dans les minutes suivant l'atterrissage. Nous avons encore une année de travail devant nous. Mais lorsque le vol inaugural se déroule aussi bien qu'aujourd'hui, on peut penser que l'année qui vient sera belle.»
Le plus grand avion fabriqué par Bombardier à ce jour s'était élancé plus tôt sans difficulté dans le ciel dégagé des Basses-Laurentides, précédé de quelques secondes d'un Global 5000, servant pour l'occasion d'avion escorte. Un envol relativement silencieux qui aura surpris plus d'un spectateurs, habitué au vacarme des avions à réaction.
SUIVRE L'AUTEUR SUR TWITTER: Martin Jolicoeur
Laurent Beaudoin, le président du conseil, aujourd'hui âgé de 75 ans, a dit considérer cet événement comme «l'une des étapes les plus importantes de sa carrière et de l'histoire de Bombardier».
Et pour cause. Également rencontré sur place, Karl Moore, professeur émérite à l'Université McGill, cachait mal son excitation devant ce qu'il considère comme un des trois grands événements de la dernière décennie dans l'industrie, après le lancement de l'A380 d'Airbus et du B787 de Boeing. «C'est le genre de chose qu'on ne vit qu'une fois dans une vie.»
Des commandes attendues
Trois pilotes, également ingénieurs, ont pris place dans l'avion d'essai de cette nouvelle famille d'avions de 110 à 130 passagers, dont le développement sur des années aura nécessité des investissements de 3,4G$US, dont 1,4 G$US assuré par les gouvernements sous forme de prêts remboursables. Ottawa a contribué pour 350M$, Québec pour 117M$ et Belfast pour 134M de livres sterling.
Ces sommes consacrées au développement de l'appareil excluent le développement du moteur de Pratt & Whitney, lequel aurait nécessité à lui seul 1G $US pour la filiale de l'américaine United Technologies.
On a bon espoir chez Bombardier que les résultats de ce premier vol entraîne de nouvelles commandes. En plus de son équipage, l'appareil d'essai est empli d'instruments de mesure visant à documenter la performance de l'avion. Bombardier promet en outre une économie de carburant de 20% par rapport à la moyenne des appareils de même format en 2009.
«Plusieurs clients éventuels» étaient d'ailleurs à Mirabel, s'est réjoui Guy Hachey, président de Bombardier Aéronautique. Du nombre, Odyssey, Lufthansa et Air France étaient sur place. Plusieurs étaient d'ailleurs reçus par l'avionneur cette fin de semaine au Manoir Richelieu, dans Charlevoix.
SUIVRE L'AUTEUR SUR TWITTER: Martin Jolicoeur
À ce jour, le carnet de commandes du CSeries, considéré comme un futur rival des Airbus A320 et Boeing B737 demeure bloqué à 177 appareils, ou 388 lorsque sont prises en compte les commandes en option. Bombardier demeure confiante d'atteindre un carnet de 300 commandes fermes dans les prochains 12 mois.
Les analystes s'accordent pour dire qu'une commande majeure d'un important transporteur donnerait de la crédibilité à la nouvelle famille d'appareils de l'avionneur montréalais. Dans le passé, le rythme des nouvelles commandes s'accélère dans les semaines suivant la réalisation d'un premier vol.
Pierre Beaudoin table toujours sur une part de marché de 50% dans la catégorie des avions de 100-149 passagers. Sur cinq ans, le président évalue que la famille CSeries ajoutera entre 5G$ US et 8 G$US de revenus à Bombardier.
La date de mise en service du CSeries est dans la mire des observateurs. Dans une note publiée lundi matin, Kevin Chiang, de CIBC Marchés mondiaux, dit croire que la mise en service sera repoussée au début de 2015, plutôt qu'à la mi-2014 tel que prévu par la direction de Bombardier.
Sur ce, Pierre Beaudoin a répété que la livraison des premiers appareils CS100 demeure attendue dans les délais initialement prévus, soit 12 mois après le premier vol. Une première livraison devrait donc être faite d'ici la mi-septembre 2014.
SUIVRE L'AUTEUR SUR TWITTER: Martin Jolicoeur
Croisons-nous les doigts pour la CSeries
CSeries: le plus performant de sa catégorie, soutient Pierre Beaudoin
Titres à surveiller : Bombardier, Reitmans et West Fraser Timber
René Vézina parle du vol inaugural du CSeries à «Ça commence bien» du 16 septembre
Sur LesAffaires.com cette semaine: Bombardier, FedEx et Oracle