L'augmentation du chômage en août en Allemagne montre que le marché du travail de la première économie européenne est rattrapé par la crise de l'euro alors que sa bonne santé était jusqu'ici l'un des principaux soutiens à la bonne conjoncture du pays. « Une hausse du chômage est courante pendant le mois d'août, mais cela a été plus marqué cette année que les années précédentes », a souligné l'Agence fédérale pour l'emploi, en dévoilant les chiffres du mois.
En données brutes, le taux de chômage, qui était reparti en hausse en juillet après plusieurs mois de repli, est certes resté stable en août à 6,8 %. Mais le nombre de personnes sans emploi a progressé de 29 000, avec un nombre total de chômeurs atteignant 2,905 millions. En données corrigées des variations saisonnières, davantage significatives aux yeux des économistes, le nombre de chômeurs a augmenté de 9 000 sur un mois, ce qui est plus que les 8 000 sur lesquels tablaient les économistes du consensus DowJones Newswires.
« Les beaux jours du marché du travail allemand sont finis », a tranché Carsten Brzeski, économiste chez ING, qui souligne que l'augmentation du nombre de chômeurs (en données brutes) était la plus haute observée pour un mois d'août depuis 1993.
La résistance de l'économie allemande à la crise européenne tenait pour beaucoup jusqu'ici à la bonne santé de son marché du travail, accompagnée d'accords salariaux plus généreux que les années précédentes, ce qui garde à flot la consommation et soutient la croissance. Mais les premiers signes d'essoufflement de la première économie européenne apparaissent.
Le moral des consommateurs allemands mesuré par le baromètre GfK devrait ainsi stagner en septembre. Il y a une semaine, l'Office fédéral des statistiques Destatis avait aussi confirmé un ralentissement de la croissance du PIB allemand, limitée à 0,3 % au deuxième trimestre par rapport au premier, où elle avait été de 0,5 %.
« Dans l'ensemble, les principaux indicateurs du marché du travail se révèlent de plus en plus faibles. Cela montre aussi une dégradation de la croissance de l'économie allemande » n'a pas caché Frank Weise, le président de l'Agence pour l'emploi. Selon Sylwia Hubar, économiste chez Natixis, cette dégradation du marché du travail allemand va se poursuivre au troisième trimestre « principalement à cause des risques et des incertitudes sur la crise de la dette dans la zone euro ».
Les mesures de chômage partiel annoncées par des groupes comme Opel ou Thyssenkrupp sont un autre signe de détérioration de la conjoncture. Le constructeur automobile a ainsi décidé d'avoir recours à du chômage partiel sur trois de ses usines allemandes à partir de septembre. De son côté, le numéro un allemand de l'acier a annoncé jeudi qu'il étendait les mesures de chômage partiel, déjà prises sur plusieurs usines depuis août, à son site d'inox de Bochum (ouest).
Le puissant syndicat allemand IG Metall a d'ailleurs appelé à rétablir en Allemagne un dispositif de chômage partiel de crise, qui prévoit que l'État prenne en charge pendant 6 mois au maximum l'indemnisation de salariés mis à pied temporairement pour cause de carnets de commandes vides.
Sur fond de croissance solide, ce dispositif avait été levé au printemps dernier. Mais le tableau de l'emploi en Allemagne est encore loin d'être sombre, surtout en comparaison avec ses voisins européens. Les économistes soulignaient notamment qu'au mois de juillet, malgré la hausse du chômage, le nombre d'emplois avait progressé de 16 000.