Afin d’éviter que les contribuables canadiens subissent un jour les conséquences dramatiques d’un éventuel krach immobilier, Ottawa songe à privatiser la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL).
Au cours des dernières années, le ministère des Finances du Canada Jim Flaherty a fait appel à la SCHL, qui contrôle le marché de l’assurance hypothécaire, pour ralentir un secteur qui avait selon certains observateurs atteint des niveaux de bulle dans certaines régions. Lisez Ottawa soumet la SCHL à une surveillance plus étroite et La SCHL a oublié sa raison d'être
Mais maintenant que la SCHL a utilisé tous les outils à sa disposition pour stabiliser le marché immobilier du pays, M. Flaherty souhaite que la société d’État fédérale soit privatisée d’ici cinq à dix ans, a-t-il confié en entrevue au quotidien The Globe and Mail.
«Nous avons pris quatre mesures au cours des quatre dernières années visant à réduire l’exposition des contribuables, donc je ne pense pas qu’il y ait d’autres choses que nous puissions faire par l’entremise de la SCHL ou l’assurance hypothécaire, certainement pas dans un avenir proche», a dit M. Flaherty au Globe.
Le grand patron des finances du Canada a certainement voulu éviter que le pays ne subisse le même sort que son voisin, qui peine encore à se relever du krach immobilier qui a plongé les États-Unis dans la plus grave crise économique depuis la Grande dépression de 1929.
Le tiers du PIB à risque
Il reste que la SCHL représente pour certains une bombe à retardement pour les finances du pays. Au début de 2011, l'Institut CD Howe avait chiffré à 500 milliards l'exposition des contribuables au marché hypothécaire canadien. L'institut torontois estimait que l'équivalent de 30 % du PIB pourrait être à risque advenant un choc immobilier.
L'Institut avait alors recommandé à Ottawa de privatiser ce marché et de limiter le rôle de la SCHL à ceux de la réassurance et de la titrisation.
Le gouvernement fédéral a annoncé depuis deux ans une série de mesures visant à mieux encadrer les activités de la société d’État.
Toutes ces interventions visent à assurer la stabilité financière du pays, car la SCHL est un non seulement un acteur clé du marché immobilier, mais de l’économie canadienne dans son ensemble, a ajouté M. Flaherty.
«Je pense que dans les cinq à dix prochaines années, le gouvernement doit songer à se retirer d’un marché où il se trouve, mais ne doit pas être», explique M. Flaherty à propos de la SCHL, qui avait été créée après la guerre afin d’assurer un logis aux vétérans.