Le fabricant finlandais de téléphones portables Nokia a annoncé jeudi être revenu à des pertes au premier trimestre, après avoir dégagé un bénéfice au trimestre précédent.
La perte nette du groupe de 272 millions d'euros est de 70% inférieure à celle du premier trimestre de 2012. Nokia a vu son chiffre d'affaires chuter de 20% en un an à 5,852 milliards d'euros, bien en deçà des prévisions des analystes.
Le groupe, qui peine face à une forte concurrence, « exécute sa stratégie dans l'urgence et maîtrise très bien ses coûts », a souligné le PDG, Stephen Elop dans le rapport financier trimestriel.
Grâce à cette maîtrise des coûts, les pertes étaient moins importantes que celles attendues par les analystes interrogés par Dow Jones Newswires, qui tablaient sur une perte nette de 434 millions d'euros.
Mais les ventes sont sur une pente inquiétante.
La chute des téléphones portables s'est poursuivie. Le chiffre d'affaires de la division « appareils et services », à 2,888 milliards d'euros, s'est contracté de 32% sur un an, et de 25% par rapport au trimestre précédent. La baisse des ventes a été la plus forte en Chine (-56%), en Europe (-34%) et au Moyen-Orient et Afrique (-32%).
Les ventes des téléphones portables bas de gamme ont chuté de 21% à 55,8 millions d'unités. Le recul des ventes des smartphones haut de gamme a été plus important (-49%), avec 6,1 millions appareils.
Nokia joue son avenir avec la gamme de smartphone Lumia, dont les ventes se sont accélérées, à hauteur de 27% par rapport au trimestre précédent, avec 5,6 millions d'unités vendues.
Les analystes voient ce chiffre comme une bonne nouvelle, mais ils veulent mettre la réussite dans son contexte.
« Les ventes de Lumia sont au-dessus des attentes (...) Sauf qu'on est encore très loin des leaders. Pour donner une idée, Apple vend dans le même temps 40 millions de téléphones concurrents", a commenté à l'AFP Eric Beaudet de l'agence Natixis.
Le problème de Nokia est la chute rapide des ventes de ses téléphones bas de gamme.
« Comme les smartphones ne sont pas rentables, Nokia a besoin de ces téléphones basiques. [La baisse de leurs ventes] est une cause d'inquiétude », a commenté à l'AFP Mikael Rautanen du cabinet Inderes.
« Nokia comptait sur le bas de gamme pour assurer une transition vers de meilleures ventes de smartphones (...) On se rend compte que les pays émergents n'en veulent déjà plus », a analysé M. Beaudet.
En revanche, la performance de la coentreprise Nokia Siemens Networks a été meilleure que prévu, avec un bénéfice de 3 millions d'euros au lieu de plus d'un milliard d'euros de pertes un an auparavant.
« Nokia n'est pas que Lumia (...) NSN a un rôle important à jouer dans l'avenir du groupe », a dit M. Rautanen.
Nokia prévoit que les ventes de Lumia s'accélèreront au deuxième trimestre, mais également une baisse des marges.
« Ils annoncent des baisses de marge au deuxième trimestre. Implicitement c'est reconnaître qu'ils prévoient des difficultés », a commenté M.Beaudet.
A 12H30 GMT à la Bourse d'Helsinki, l'action de Nokia était en baisse de 3,26% dans un marché quasi stable (+0,10%).