La tension est montée dimanche à Washington où les élus négociaient pour éviter in extremis aux Etats-Unis une cure d'austérité brutale dès lundi à minuit, Barack Obama et les républicains s'accusant mutuellement d'être responsables de la crise du «mur budgétaire».
Le président démocrate a assuré dans un entretien télévisé que ses adversaires politiques, qui contrôlent une partie du Congrès, n'arrivaient pas à accepter l'idée que «les impôts des Américains les plus riches devraient augmenter un petit peu» dans le cadre d'un accord budgétaire.
Ces déclarations ont provoqué une riposte vigoureuse du président républicain de la Chambre, John Boehner. «Les Américains ont élu le président Obama pour diriger, pas pour accuser», a-t-il lancé, en mettant en cause un refus du président de «tenir tête à son propre parti».
C'est dans cette ambiance délétère que les chefs de file républicain et démocrate du Sénat tentaient dimanche d'accoucher d'un compromis de dernière minute acceptable aussi bien par cette assemblée aux mains des démocrates que par la Chambre des représentants où les républicains dominent.
Si leurs efforts étaient infructueux, les mesures d'austérité qui se mettraient automatiquement en oeuvre le 1er janvier --hausse généralisée des impôts et coupes claires dans les dépenses de l'Etat fédéral-- risqueraient de faire retomber à terme la première économie mondiale dans la récession, ont prévenu des économistes, tandis que les marchés ont fait preuve de nervosité ces derniers jours.
Au centre du blocage figurent les allègements fiscaux hérités de la présidence du républicain George W. Bush. M. Obama veut les laisser expirer pour les foyers aux revenus supérieurs à 250000 dollars par an, tandis que les républicains ne veulent pas entendre parler d'une hausse des taux d'imposition et visent surtout les dépenses pour réduire le déficit.
«Bravo au président»
Paradoxalement, aucun camp n'a vraiment intérêt à la réussite des négociations en cours, dans cette énième crise depuis que les républicains ont pris le contrôle de la Chambre il y a deux ans.
Si le mur budgétaire se produisait, M. Obama obtiendrait la hausse des contributions pour les plus riches qu'il recherche. Et les républicains n'auraient plus qu'à voter après le 1er janvier de nouveaux allègements pour la classe moyenne, sans trahir leur promesse de ne pas augmenter les impôts.
L'influent sénateur républicain Lindsey Graham a pris acte de cette situation dimanche sur Fox News. «Bravo au président. Il a tenu bon. Il va obtenir des hausses de taux d'imposition», a-t-il dit. Mais «la mauvaise nouvelle pour ce pays est que nous avons peu avancé (...) pour sortir de notre endettement», a-t-il ajouté.
Fait rare à l'avant-veille du Nouvel An, une session au Sénat s'est ouverte et la Chambre devait lui emboîter le pas une heure plus tard. Aucun vote ne devait avoir lieu avant 18H30.
Selon le Washington Post de dimanche, le chef de la majorité démocrate du Sénat Harry Reid et M. McConnell ont fixé à 15H00 la limite pour trouver un accord.
Une fois ce délai expiré, toujours selon le quotidien, les deux hommes présenteront à leurs groupes respectifs les éventuelles avancées dans les discussions pour décider si un texte peut recueillir suffisamment de soutien pour être soumis au vote.
Dans ce cas, le Sénat voterait le texte d'ici à lundi en milieu de journée, laissant le reste de la journée à la Chambre pour évaluer et éventuellement adopter cet accord, toujours selon le Washington Post.
Vendredi, M. Obama avait prévenu que si MM. Reid et McConnell ne parvenaient pas à trouver un compromis acceptable pour tous, il demanderait à M. Reid de présenter un texte de loi pour bloquer les hausses d'impôts automatiques et de le soumettre au vote, forçant ainsi les républicains à prendre la responsabilité d'un blocage.