L’endettement des retraités est un phénomène qui semble prendre de l’ampleur, constate Caroline Arel, d’Option consommateurs, rencontrée en marge du lancement de la deuxième édition du Mois de la littératie financière, lundi. Cette campagne de sensibilisation vise à inciter les Canadiens à accroître leurs connaissances en finances personnelles.
L’avocate et directrice générale adjointe d’Option consommateurs constate une augmentation « assez importante » de la clientèle retraitée ou préretraitée. « Quand, on reçoit des appels, on sait que ce n’est que la pointe de l’iceberg puisqu’on n’est pas contacté par tous les gens qui vivent des difficultés », explique-t-elle.
Un sondage de la Banque CIBC publié l’été dernier démontrait que 58 % des retraités québécois traînaient toujours une dette, comparativement à 76 % des particuliers dans la population en général.
Option consommateurs vient d’ailleurs de publier un cahier destiné aux retraités « Pas de retraite pour vos finances » qui sera distribué chez des organismes partenaires.
Mme Arel constate que l’apparition de la famille nucléaire a contribué à vulnérabiliser certains retraités, même si ce n’est pas le seul facteur. « Après une séparation, une personne peut devoir contracter une nouvelle hypothèque à une période de sa vie où les ménages ont habituellement fini de payer leur maison, raconte-t-elle. D’autres familles recomposées peuvent avoir des enfants plus tard, ce qui prolonge la période où elles doivent subvenir aux besoins des enfants. »
Les retraités ne sont pas seuls
Les retraités ne sont pas seuls
Les retraités ne sont pas les seuls à voir leur situation financière se dégrader. Il y a quelques jours Statistique Canada a révisé à la hausse son estimation du ratio d’endettement des ménages. Il atteint désormais 160 % du revenu disponible. Un endettement plus élevé rend les particuliers plus sensibles aux chocs économiques.
C’est dans ce contexte que l’Agence de la consommation en matière financière (ACFC) a mis sur pied le mois de la littératie financière l’an dernier. « On n’épargne pas au même niveau que l’on épargnait il y a déjà quelques années, commente Lucie Tedesco, commissaire adjointe de l’agence fédérale, interrogée lors du lancement de l’édition 2012. Quand les Américains épargnent à un niveau plus élevé que les Canadiens, on s’inquiète. C’est sûr qu’il faut rehausser le niveau d’épargne chez les Canadiens. »
Dans sa pratique, Caroline Arel constate, elle aussi, une augmentation du fardeau financier des ménages. La raison : l’accessibilité au crédit est plus facile tandis que le coût de la vie augmente et que les salaires stagnent. « Le pouvoir d’achat des travailleurs diminue, et certains ont le réflexe d’utiliser le crédit pour combler le manque à gagner», explique-t-elle.