Disant craindre pour l'économie, la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) presse le gouvernement de Pauline Marois de "rétablir le dialogue" avec les milieux d'affaires.
Dans le cadre du congrès annuel de la FCCQ, à Montréal, le conseil d'administration de l'organisme a adopté une déclaration déplorant plusieurs des orientations prises par le nouveau gouvernement, dont l'augmentation des impôts pour les mieux nantis et la hausse des redevances dans le secteur minier.
La pdg de la FCCQ, Françoise Bertrand, a soutenu en conférence de presse vendredi que les gens d'affaires se sentaient "déstabilisés" par les premiers pas du gouvernement Marois.
Plus tôt cette semaine, Mme Bertrand avait donné le ton en martelant que "l'effet cumulatif des hausses d'impôt annoncées récemment par le gouvernement, l'intention d'agir de manière rétroactive et le ton belliqueux de certains ministres s'apparenteraient à un acte d'hostilité à l'encontre d'une catégorie de contribuables".
Présent à la conférence de presse de vendredi, le pdg de la Chambre de commerce et d'industrie de Québec, Alain Kirouac, a affirmé n'avoir jamais ressenti, en 25 ans de carrière, "un mouvement aussi fort" de contestation et d'inquiétude parmi les entreprises de la capitale.
"Depuis lundi dernier, (je reçois) des appels assez continuels du matin au soir de gens d'affaires qui se questionnent, qui se demandent ce qui se passe", a raconté M. Kirouac.
Son homologue à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc, a quant à lui déclaré que "la capacité de nos sièges sociaux d'attirer des talents internationaux" était actuellement "remise en question". Selon lui, l'arrivée du nouveau gouvernement a créé une incertitude qui retarde certaines prises de décisions au sein des entreprises.
La FCCQ se désole en outre de ce qu'elle appelle le "démantèlement" du ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation. En fait, les dossiers du développement économique et de l'innovation ont été confiés au ministre des Finances et de l'Économie, Nicolas Marceau, et à la ministre déléguée à la Politique industrielle, Élaine Zakaïb, tandis que l'exportation est maintenant la responsabilité du ministre des Relations internationales, Jean-François Lisée.
Françoise Bertrand prévoit toutefois que les deux ministres en titre, MM. Marceau et Lisée, s'occuperont en premier lieu de leurs mandats principaux _ les Finances et les Relations internationales _ et qu'ils n'auront pas beaucoup de temps à consacrer au Développement économique.
La pdg de la FCCQ reconnaît que plusieurs des mesures annoncées par le gouvernement péquiste figuraient dans le programme électoral du parti. Elle se dit toutefois "surprise" par la rapidité avec laquelle Mme Marois est passée à l'action
Legault s'en mêle
De son côté, le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, en a fait réagir plusieurs sur Twitter vendredi en écrivant que "des entreprises parmi les 10 plus grands fleurons québécois examinent présentement des scénarios de déménagement" à l'extérieur de la province.
Quand des journalistes lui ont demandé de nommer ces entreprises, il s'est borné à dire que "des dirigeants de trois grandes entreprises québécoises" lui avaient "parlé confidentiellement de cette possibilité" et que "des dirigeants de grands cabinets de fiscalistes" lui avaient confié "être débordés de demandes de déménagement".
M. Legault a toutefois dû admettre que dans sa plateforme électorale, la CAQ proposait d'augmenter l'imposition des gains en capital, sauf ceux découlant de la vente d'une résidence principale. Le PQ souhaite mettre en place une mesure semblable.