Les États-Unis ont annoncé mercredi que le plafond légal de leur dette serait atteint lundi et que des « mesures exceptionnelles » seraient « bientôt » prises pour éviter un défaut de paiement, en pleine période d'incertitude liée aux tractations sur le « mur budgétaire ».
« Je vous écris pour vous informer que le plafond légal de la dette sera atteint le 31 décembre », a écrit le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner dans un courrier adressé aux principaux élus du Congrès et consulté par l'AFP.
Cette date correspond à une autre échéance cruciale aux États-Unis: si un accord n'est pas conclu d'ici à la fin de l'année au Congrès, le pays sera soumis dès le 2 janvier à une cure de rigueur forcée, le fameux « mur budgétaire », qui menace de faire retomber la première économie mondiale en récession.
A l'heure où les négociations sur ce dossier semblent piétiner, le secrétaire au Trésor prévient dans sa lettre que la dette publique américaine aura atteint son niveau limite lundi et que le pays ne sera alors, théoriquement, plus en droit d'emprunter sur les marchés pour se financer ou pour rembourser ses créanciers.
Aux termes d'un accord entre démocrates et républicains arraché début août 2011, le plafond de la dette américaine est fixé à 16.394 milliards de dollars. Selon les derniers relevés officiels, la dette publique soumise à la limite légale atteignait 16.299 milliards de dollars lundi.
« Le département du Trésor prendra bientôt des mesures exceptionnelles autorisées par la loi (...) sans lesquelles les États-Unis seraient contraints de faire défaut sur ses obligations légales », a ajouté M. Geithner dans son courrier.
Plus de mou
En 2011, comme à de maintes reprises au cours des dernières années, le Trésor avait déjà été contraint de recourir à de telles « mesures exceptionnelles » pour éviter le défaut de paiement.
L'année dernière, le plafond avait été atteint en mai et la majorité républicaine à la Chambre des représentants avait refusé pendant plusieurs mois de voter tout relèvement de la dette, créant un psychodrame politique.
Un accord avait été arraché début août, mais l'incertitude avait conduit l'agence de notation Standard and Poor's à priver les États unis de leur prestigieux triple A.
Dans son courrier, M. Geithner assure donc que l'administration ne restera pas inerte cette année, mais s'inquiète de la complication représentée par le mur budgétaire.
En temps normal, les mesures d'urgence (suspension de versements aux caisses de retraite des fonctionnaires, etc.) prévues par le Trésor et portant sur 200 milliards de dollars devraient donner à l'État fédéral « environ deux mois » de marge de manoeuvre.
« Cependant, en raison de la profonde incertitude qui existe maintenant (...), il n'est pas possible de prévoir la durée de vie de ces mesures », prévient M. Geithner, qui estime que les remboursements de trop-perçu par le fisc pourraient ainsi être retardés pour donner plus de mou à l'État fédéral.
L'état des négociations ne doit pas totalement rassurer le secrétaire au Trésor. Le président Barack Obama a annoncé qu'il écourtait ses vacances en famille dans son État natal d’Hawaï pour repartir pour Washington mercredi soir et reprendre les discussions.
De son côté, le chef républicain de la Chambre des représentants, John Boehner, a assuré que « les lignes de communication restaient ouvertes », mais assuré que le prochain pas devait venir du Sénat, aux mains des démocrates.