Le vieillissement de la population dans de nombreux pays développés risque de générer des tensions sociopolitiques entre générations et encore plus de périodes d'instabilité et d’impasses politiques, prévoit la Financière Banque Nationale (FBN).
Ainsi, beaucoup de pays développés sont pris entre l'arbre et l'écorce. « Ils doivent trouver des moyens d'assumer des dépenses liées à l'âge sans cesse croissantes sans rendre le fardeau de la dette insoutenable. Mais ils doivent aussi financer ces coûts avec des populations actives de plus en plus petites », écrivent Angelo Katsoras et Pierre Fournier, analystes géopolitiques à la FBN.
En parallèle, les personnes âgées, qui votent davantage que leurs cadets, sanctionneront toute tentative des élus de réduire les dépenses liées à l'âge, comme celles se rapportant aux soins de santé ou aux pensions, prévoient les analystes.
Pour protéger ces acquis, les décideurs risquent de réduire leurs dépenses en éducation, en recherche et développement et en infrastructures, lesquelles étant pourtant sont cruciales pour stimuler la croissance à plus long terme, selon la FBN.
Résultat : ce n'est que lorsqu'ils seront au bord d'un gouffre budgétaire que ces élus devront réduire les dépenses publiques, l'Italie, la Grèce et l'Espagne étant de bons exemples en ce sens.
Pire au Japon et en Allemagne
Pire au Japon et en Allemagne
L'effet du vieillissement de la population semble plus fort en Europe et au Japon, constatent les auteurs de l'étude sur le vieillissement de la population. Confronté avec une dette représentant plus du double de son produit intérieur brut, le Japon a l'un des indices de natalité les plus faibles au monde et accepte le moins d'immigrants. Les coûts sociaux liés aux personnes de plus de 65 ans, qui représenteront 40 % de la population en 2050, par rapport à 22,6 % en 2010, risque de peser lourd sur les finances publiques nipponnes.
« Contrairement à nombre de pays frappés par la crise des dettes européennes, le Japon finance presque toute sa dette avec l'épargne intérieure, ce qui le sauve. La menace à long terme vient de ce que les retraités japonais de plus en plus nombreux auront un jour puisé suffisamment dans leurs épargnes pour que le Japon doive commencer à emprunter davantage à l'étranger, à des taux que l'on peut présumer supérieurs », présentent les analystes.
L'Europe occidentale, dont l'Allemagne, est aussi confrontée à un vieillissement rapide de sa population et à un effondrement de la natalité. En 2050, 34 % des Allemands auront plus de 65 ans, par rapport à 20 % en 2010. « L'Organisation des Nations Unies (ONU) a calculé que l'Allemagne aura besoin de 24 millions de nouveaux immigrants au cours des 40 prochaines années seulement pour maintenir sa population active aux niveaux actuels. Cela amène à se demander si l'Allemagne a même les ressources financières requises pour apporter du soutien à long terme aux pays les plus endettés de la zone euro », se demandent les auteurs de l'étude.
Le Canada et les États-Unis avantagés
Le Canada et les États-Unis avantagés
Les pays développés ayant des populations plus jeunes, des politiques d'immigration plus ouvertes et des ressources naturelles abondantes seront mieux positionnés pour soutenir financièrement leurs populations vieillissantes, estime la FBN.
« Le Canada, l'Australie et les États-Unis comptent parmi les pays répondant à cette description. Tous ces pays sont confrontés à des défis de taille en matière de démographie, mais qui ne se comparent en rien avec ceux de la plupart des pays européens et du Japon. Contrairement à l'Europe et au Japon, le Canada, les États-Unis et l'Australie ont tous d'abondantes réserves de terres agricoles, de gaz naturel, de charbon et, dans le cas des États-Unis et du Canada, de pétrole et d'eau », lit-on dans l'étude.