Les cours du pétrole ont fini en net repli jeudi à New York, dans un marché nerveux à la veille des chiffres sur l'emploi en avril aux Etats-Unis, le premier pays consommateur de brut.
Le prix du baril de "light sweet crude" pour livraison en juin a baissé de 2,68 dollars par rapport à mercredi, à 102,54 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).
A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin a fini à 116,08 dollars, en baisse de 2,12 dollars par rapport à mercredi, et à son plus bas en clôture depuis le 6 février, où il avait terminé à 115,93 dollars.
"Il y a beaucoup de nervosité sur le marché américain avant les chiffres de l'emploi (vendredi) et on assiste à un mouvement de vente", a constaté Rich Ilczyszyn, de iiTrader.
L'attente de ce rapport mensuel, considéré comme un baromètre crucial pour évaluer la vigueur de la reprise de la première économie mondiale, a ainsi éclipsé jeudi d'autres indicateurs tels que les inscriptions hebdomadaires au chômage, qui ont davantage reculé que prévu après trois semaines consécutives de hausse.
Quelque 365 000 demandes d'allocations de chômage ont été déposées dans le pays du 22 au 28 avril, soit 7% de moins que la semaine précédente et moins que le chiffre de 375 000 demandes attendu.
"Bien que ces chiffres soient assez bons après des chiffres économiques plus inquiétants", comme l'a noté Matt Smith, de Summit Energy (Schneider Electric), les cours ont décroché en cours de séance, chutant de plus de 2 dollars pour atteindre un plus bas en deux semaines.
Pour certains analystes, cette baisse n'était pas surprenante, compte tenu des niveaux élevés des cours de l'or noir depuis fin avril.
"Nous pouvons tous nous accorder sur le fait que le marché est actuellement surévalué", a ainsi souligné le courtier de iiTrader.
Dans un climat d'aversion au risque, la chute des cours de l'or noir participaient d'un mouvement plus large: "tout le secteur des matières premières a lâché du lest, du café à l'or, du cuivre à l'argent, tout est en baisse" dans le sillage des marchés des actions, a continué M. Ilczyszyn.
Par ailleurs, une augmentation plus forte qu'attendu des réserves de brut dans le pays, de 2,8 millions de barils, lors de la semaine achevée le 27 avril, selon des chiffres hebdomadaires du Département américain de l'Energie publiés mercredi, ont continué à ébranler le marché.
Les stocks de brut américain "sont désormais à leur plus haut niveau depuis septembre 1990", ont souligné les experts de Commerzbank. Ils avaient déjà gonflé de 27 millions de barils au cours des cinq semaines précédentes.
L'anxiété des investisseurs a également été accentuée par les propos du président de la Banque centrale européenne Mario Draghi, "qui a laissé apparaître que les perspectives de l'Europe étaient encore incertaines", a estimé David Bouckhout, de TD Securities, ce qui a intensifié le mouvement de vente, le marché craignant une baisse de la vigueur de la demande européenne en produits pétroliers.
Prenant acte de la détérioration économique ces dernières semaines, le patron de la BCE a laissé entendre qu'il pourrait réviser ses prévisions de croissance lors de sa prochaine réunion, en juin.
"Les derniers indicateurs disponibles pour la zone euro soulignent que l'incertitude prédomine" même si "en regardant plus loin, l'activité économique devrait peu à peu se reprendre au cours de l'année", a-t-il dit.