Les prix du pétrole ont chuté sous le seuil de 92 dollars le baril mercredi à New York, plombés par un bond inattendu des stocks de brut américains, le marché s'interrogeant sur les intentions de l'Arabie saoudite, qui tenterait d'agir pour enrayer la hausse des cours.
Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en octobre a plongé de 3,31 dollars, à 91,98 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).
Les prix du brut peinaient ainsi à se ressaisir après un premier plongeon violent des cours lundi, dans un contexte d'une abondance accrue de l'offre.
"Le grand facteur de la journée a été la forte hausse des réserves des stocks aux Etats-Unis comme l'ont révélé les chiffres du département de l'Energie" (DoE) publiés dans la matinée, a noté James Williams de WTRG Economics.
"La hausse était très importante: 8,5 millions pour les stocks de brut, 11,4 millions de barils pour les réserves, toutes catégories confondues, même si l'on a pu voir un léger recul du côté des stocks d'essence et des produits distillés", a-t-il détaillé.
L'expert a estimé qu'une partie de cette hausse pouvait s'expliquer par le ralentissement de l'activité des raffineries pendant le passage de la tempête tropicale Isaac sur le golfe du Mexique.
D'autre part, la hausse des prix était "contrariée par des informations de presse selon lesquelles l'Arabie saoudite projette de faire tout ce qui est en son pouvoir" pour faire baisser les prix du marché, ont indiqué les analystes de Commerzbank.
Déjà premier exportateur mondial, l'Arabie saoudite est devenue en mars le premier producteur de pétrole de la planète en portant sa production à 9,923 millions de barils par jour (mbj), devançant la production russe, qui est de 9,920 mbj.
Selon "des informations de presse, (...) l'Arabie saoudite est prête à pomper à nouveau plus de 10 millions de barils de brut par jour (mbj) pour avoir davantage à offrir aux raffineurs du monde entier", a expliqué de son côté David Hufton, analyste du courtier PVM.
Or, "ces rumeurs ont une certaine crédibilité vu l'état de l'offre et de la demande sur le marché", a indiqué M. Williams. "Même après la chute de près de 4 dollars (mercredi), le prix actuel ne paraît pas justifié, et l'on pourrait facilement défendre un recul des prix jusqu'à une fourchette de 80 dollars" pour le baril de WTI, a-t-il ajouté.
Pourtant, "les risques géopolitiques et l'humeur des marchés financiers semblent aller à l'encontre de toute baisse des prix", ont nuancé les analystes de Commerzbank, se référant à la vague de protestations anti-américaines secouant le monde arabo-musulman et aux mesures de relance annoncées dernièrement par les banques centrales pour stimuler l'économie mondiale.