Le huard continue de perdre des plumes mercredi. Les négociateurs parient que la Banque du Canada baissera ses taux dans un futur rapproché, faisant plonger la devise nationale à son plus bas niveau depuis trois ans.
Le dollar canadien connaît sa quatrième séance de baisse consécutive. Depuis l’annonce de chiffres pour l’emploi américain meilleurs que prévus, les négociateurs parient massivement sur un désengagement de la Banque centrale américaine de son soutien à l’économie.
Le rendement des acceptations bancaires, un indicateur des anticipations pour les taux d’intérêt à court terme, a chuté à son plus bas de sept mois avant que les décideurs de la Banque du Canada n’annoncent le maintien de leur taux directeur à 1%, son niveau depuis septembre 2010.
«Les gens passent de «La Banque du Canada va relever ses taux un jour» à «peut-être que la Banque va couper ses taux»», a dit David Watt, économiste en chef de HSBC Canada à Bloomberg. « Ce changement d’opinion fait pression sur le huard»
Le dollar canadien avait touché son creux de juin 2010 à 93,65 cents US avant 9h. Depuis l'annonce de la Banque du Canada de maintenir son taux inchangé, le huard pique du nez, s'échangeant 93,6 cents US vers 11h, en baisse de 0,31%, soit un niveau jamais vu depuis mai 2010.
Le dollar avait commencé l'année à 100,51 cents US. En plus du regain de santé de l'économie américaine, le huard pâtit de la faiblesse du prix du pétrole et de l’once d’or.
Sur le front des données économiques, Statistiques Canada a rapporté que la balance commerciale du pays affiche un surplus de 75 M$ comparativement à une perte de 303 M$ le mois dernier. Les importations ont reculé de 1,2% contre une baisse de 0,3% des exportations.
Risque de désinflationRisque de désinflation
La désinflation semble être devenue la préoccupation numéro un de la Banque du Canada. «Le risque de baisse de l’inflation s’est accentué», a dit la Banque dans son discours mercredi.
Certains économistes soutiennent que, de par son discours, la Banque du Canada contribue à faire pression sur la valeur du huard.
«La Banque est en train d’ajouter du carburant à la faiblesse actuelle du dollar canadien, peut être intentionnellement», écrit Avery Shenfeld, économiste de CIBC Marchés de capitaux dans son rapport. «La Banque fait dorénavant allusion à un assouplissement sans vraiment couper les taux, l’objectif est que l’assouplissement s’effectue par la parité monétaire».
Benjamin Reitzes, économiste en chef de la Banque de Montréal, a dit qu’il «ne fait aucun doute» que la chute du dollar enchante la Banque centrale du pays.
L’indice des prix à la consommation a progressé d’un minuscule 0,7% en octobre au pays. Par conséquent, l’inflation n’est pas seulement en dessous de la cible de 2% de la banque centrale, mais sous la borne minimale de l’intervalle cible de 1% à 3%.
Plutôt que de couper les taux, plusieurs économistes soutiennent que la Banque maintiendra ses taux à un faible niveau pour une longue période, retardant une remontée des taux à 2015 dans le meilleur des scénarios.