Encore convalescente, l'économie américaine aura été un des principaux enjeux des élections de mi-mandat. Jugée acceptable en temps normal, la croissance de 2% enregistrée au dernier trimestre se révèle insuffisante pour réduire un taux de chômage proche des 10% et remettre durablement les Etats-Unis sur de bons rails.
Une croissance d'au moins 5% est nécessaire pour faire reculer le chômage, mais ce scénario est peu probable à court terme. Au moins pour deux raisons. D'abord, la construction de bâtiments neufs s'est effondrée l'an dernier et ne devrait pas redémarrer avant des années, alors qu'habituellement elle connaît un fort dynamisme et tire la croissance après une récession. Par ailleurs, après une crise financière, comme celle qui a éclaté en septembre 2008, la reprise économique est généralement lente. Les banques mettent souvent des années avant de recommencer à prêter comme avant.
"Pour que les gens sentent vraiment une amélioration sur l'emploi", il faudrait une croissance proche de 5%, explique Josh Bivens, de l'Institut de politique économique. Certains experts estiment qu'il faudra attendre au moins 2013 pour que l'économie remplace l'ensemble des emplois détruits pendant la crise. Mais d'autres économistes pensent qu'il faudra peut-être attendre 2018, voire plus, pour que cela se produise.
Le gouvernement américain a rapporté vendredi que la croissance du PIB avait atteint 2% entre juillet et septembre, après une hausse de 1,7% au deuxième trimestre. Selon les économistes, une croissance annuelle de 3% serait nécessaire simplement pour empêcher le taux de chômage d'augmenter. Il faudrait deux points de croissance supplémentaires pour réduire le taux de chômage d'un point.
Les reprises sont habituellement fortes après une forte récession. Après celle de 1981-82, l'économie s'était envolée en 1983 et 1984, affichant une croissance de 8% pendant quatre trimestres consécutifs et créant des millions d'emplois. En deux ans, le taux de chômage était passé de 10,8% à 7,2%.
La situation actuelle est bien différente. Depuis que la "Grande Récession" a pris fin officiellement en juin 2009, l'économie a perdu 439.000 emplois. Et le taux de chômage, qui s'élevait à 9,5% en juin 2009, atteint aujourd'hui 9,6%.
Les taux d'intérêt ne constituent plus une option pour stimuler l'économie. La crise financière a été si sévère à l'automne 2008 que la Réserve fédérale a réduit à zéro ses taux à court terme en décembre de la même année afin d'éviter une dépression. Les taux à long terme ont également chuté. Mais aujourd'hui, les particuliers et les entreprises ne sont pas en mesure de s'endetter davantage ou rechignent à le faire, et de nombreuses banques sont réticentes à prêter.
Quant à l'immobilier, un moteur habituel de la croissance, il accuse toujours le coup. L'Association nationale des constructeurs de logements (NAHB) prévoit la construction de 605.000 maisons et appartements pour cette année. Un chiffre en baisse de plus de 70% par rapport aux 2,1 millions enregistrés en 2005, à l'apogée du boom de l'immobilier.