Des responsables de la banque centrale américaine se sont inquiétés pour l'économie américaine de la montée du dollar, dopé par la perspective d'une hausse des taux aux Etats-Unis face à une zone euro, privilégiant une politique monétaire ultra-accommodante.
"Le dollar s'est apprécié face à presque toutes les monnaies et particulièrement par rapport à l'euro, le yen et la livre sterling", ont indiqué les économistes de la Fed dans leur évaluation de l'activité américaine, soumise aux participants du dernier Comité de politique monétaire (FOMC).
"Davantage d'assouplissement monétaire en zone euro et la perspective d'une politique de taux plus bas" applique "encore une pression à la baisse" sur la monnaie européenne, soulignaient-ils, selon les minutes du FOMC des 16 et 17 septembre publiées mercredi.
Face à ce constat, plusieurs participants du Comité monétaire se sont inquiétés du fait que "la mauvaise performance persistante de la croissance et de l'inflation dans la zone euro pourrait conduire à une nouvelle appréciation du dollar et avoir des conséquences négatives pour le commerce extérieur américain".
Face au dollar, l'euro a ainsi perdu presque dix centimes entre fin juillet, date de la précédente réunion du FOMC et le 17 septembre, à l'heure de sa dernière réunion. Mercredi à la suite de la publication des minutes de la Fed, la monnaie unique européenne remontait à 1,2726 vers 18H20 GMT (20H10 à Paris) contre 1,2654 dollar quelques minutes avant la diffusion de ce rapport.
Autre sujet de préoccupation pour les responsables monétaires américains: en rendant les importations encore meilleur marché, cette montée du billet vert risque aussi de ralentir la remontée de l'inflation vers l'objectif de 2% visé par la banque centrale avant d'envisager une première hausse des taux d'intérêt. Ainsi plusieurs ont "exprimé leur préoccupation que l'inflation persiste en-dessous" de l'objectif du Comité "pendant un certain temps".
La hausse des prix n'était qu'à 1,5% en rythme annuel en août, selon l'indice PCE.
Ralentissement en Chine
Ralentissement en Chine
Les participants au dernier FOMC ont également estimé que le ralentissement de la croissance en Chine et au Japon ainsi que les événements au Moyen-Orient et en Ukraine pouvaient aussi peser sur les perspectives économiques de la première économie mondiale; de même que sur le marché intérieur, les risques d'une trop faible accélération de la productivité et une reprise trop lente de la construction de logements. Dans ce secteur immobilier, la Fed a noté à nouveau que l'accès aux crédits immobiliers continuait "d'être limité pour tous, sauf ceux jouissant de très bons antécédents de crédits".
La Fed table actuellement sur une croissance entre 2,6% et 3% en 2015, puis entre 2,6% et 2,9% en 2016 et entre 2,3% et 2,5% en 2017.
"Les minutes révèlent que certains à la Fed deviennent préoccupés par la faiblesse de la croissance en zone euro et en Chine ainsi que par l'appréciation récente du dollar qui pourrait avoir un impact négatif sur les exportations et maintenir l'inflation sous sa cible pendant plus longtemps", résumait Paul Ashworth, chef économiste pour les Etats-Unis pour Capital Economics.
Les membres de la Fed ont également longuement discuté de leur message d'orientation monétaire évoquant la "période de temps considérable" avant une première hausse des taux, une formule qui apparaît désormais sur la sellette.
Celle-ci a finalement été conservée dans le dernier communiqué du 17 septembre même si certains la jugent trop contraignante et préfèreraient rappeler qu'une hausse des taux dépendra principalement des données économiques. Elle est demeurée en place parce qu'"au vu des risques en présence, il est plus prudent de rester du côté de la patience", estimaient certains membres du FOMC, soulignant qu'il sera "plus facile de rapidement réduire l'assouplissement monétaire plutôt que le contraire".
Une majorité des participants continuent de trouver, malgré la baisse du taux de chômage (5,9%), que les ressources du marché du travail restent "sous-utilisées", vu les nombreux emplois à temps partiels et la faiblesse de l'augmentation des salaires.