La tension est montée d'un cran vendredi sur la péninsule coréenne après les nouvelles sanctions votées par le Conseil de sécurité de l'ONU contre le régime nord-coréen, Pyongyang annonçant l'abrogation des accords de non-agression avec le Sud.
L'armée « est prête à mener une guerre totale », a lancé le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un tandis que son allié chinois a appelé « au calme et à la retenue », exhortant les antagonistes à « s'abstenir de toute action susceptible d'aggraver les tensions ».
La présidente sud-coréenne Park Geun-Hye, entrée en fonction il y a deux semaines, a de son côté jugé la situation « très grave » et promis de répondre « fermement » à toute provocation du Nord.
Le régime nord-coréen est coutumier des annonces agressives, mais il a musclé sa rhétorique belliqueuse ces derniers jours à l'approche du vote à l'ONU et de manoeuvres militaires conjointes entre Washington et Séoul.
Pyongyang a menacé de dénoncer l'accord d'armistice ayant mis fin à la guerre de Corée en 1953, brandi le spectre d'une « guerre thermonucléaire » et averti les États-Unis qu'ils s'exposaient à une « frappe nucléaire préventive ».
Vendredi, le régime a fait savoir, quelques heures après le vote du Conseil de sécurité, qu'il considérait désormais comme nuls et non avenus « tous les accords de non-agression entre le Nord et le Sud ».
Le principal pacte de non-agression entre le Nord et le Sud, séparés depuis plus de six décennies, a été signé en 1991. Il engageait les deux pays à régler pacifiquement leurs différends et à éviter les confrontations militaires accidentelles.
La Corée du Nord « notifie également le Sud qu'il va couper immédiatement le téléphone rouge » mis en place entre les deux pays en 1971, précise « le Comité pour la réunification pacifique de la Corée » (CPRK) dans un communiqué.
Pyongyang a agité à de nombreuses reprises la menace d'une rupture de la communication intercoréenne, et l'a mise à exécution deux fois, selon le ministère sud-coréen de la Réunification.
Et vendredi, Kim Jong-Un a inspecté l'unité d'artillerie qui avait bombardé l'île sud-coréenne voisine de Yeonpyeong en novembre 2010, selon des images de la télévision d'État. L'incident avait fait quatre morts et alimenté les craintes d'un conflit à grande échelle entre les deux Corées.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a imposé jeudi de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord en réaction à son troisième essai atomique.
La résolution 2094, adoptée à l'unanimité de ses 15 membres, s'efforce de tarir les sources de financement utilisées par Pyongyang pour nourrir ses ambitions militaires et balistiques.
Ces nouvelles sanctions « vont frapper durement » le régime communiste et « accentuer (son) isolement », a estimé l'ambassadrice américaine à l'ONU Susan Rice.
Les mesures adoptées jeudi s'ajoutent à une série de sanctions prises à l'encontre du régime communiste depuis qu'il a mené son premier essai nucléaire en 2006, suivi par un deuxième en 2009 et un troisième le 12 février dernier.
Pyongyang a fustigé ces nouvelles sanctions, votées par la Chine, son seul allié de poids, à l'issue d'âpres négociations avec Washington.
Les relations entre le Nord et le Sud « ne sont plus réparables et une situation extrêmement dangereuse prévaut sur la péninsule coréenne où une guerre nucléaire pourrait éclater à tout instant », a prévenu le CPRK.
Jeudi, le vice-ministre de la Défense nord-coréen, Kang Pyo-Yong, avait affirmé que le Nord possédait des missiles balistiques intercontinentaux « munis de têtes nucléaires miniaturisées ».
La Corée du Nord, qui revendique son statut de puissance nucléaire, est soupçonnée de détenir plusieurs bombes nucléaires et de procéder à des essais atomiques afin de parvenir à les miniaturiser.
En attendant, les experts la soupçonnent de vouloir provoquer un incident sous la forme d'un nouvel essai de missile balistique ou d'un tir d'artillerie.
Pour Paik Hak-Soon, un chercheur du Sejong Institute à Séoul, « c'est sans doute la situation la plus dangereuse depuis la guerre de Corée ».