Après deux baisses consécutives plutôt cette année, la Banque du Canada a décidé de maintenir ce matin son taux directeur à 0,50%, même si le Canada est en récession.
Au premier trimestre, le PIB s'est contracté de 0,5%, pour reculer de 0,8% au deuxième trimestre, confirmait au début du mois Statistique Canada.
Dans son communiqué publié à 10h00, la Banque du Canada souligne que l’inflation mesurée par l’IPC global reste près de la limite inférieure de la fourchette cible, pour s'établir à près de 2 %.
La Banque du Canada a aussi justifié sa décision en expliquant que les deux baisses de son taux directeur annoncées plutôt cette année donnent des résultats.
«La dynamique de la croissance du PIB au pays est également la même que celle qui a été exposée en juillet, écrit la Banque du Canada. Les effets expansionnistes des mesures de politique monétaire prises précédemment sont en train de se répercuter sur l’économie canadienne.»
Douglas J. Porter, de Groupe financier BMO, s'attend d'ailleurs à ce que la Banque du Canada reste au neutre - et garde son taux directeur à 0,50% - dans un avenir prévisible. «Il faudrait clairement qu'il se passe quelque chose de dramatique pour inciter la banque à changer de stratégie», écrit-il dans une note.
La décision de la Banque du Canada a eu peu d'impact sur le dollar canadien. À 10h45, soit 45 minutes après la publication du communiqué de la banque centrale, le huard s'était légèrement apprécié de 0,18% à 0,7583 $US.
Selon la banque centrale, le secteur canadien des ressources continue de s’ajuster aux cours plus bas du pétrole et d’autres produits de base, ce qui entraîne certaines retombées sur le reste de l’économie.
«Ces ajustements sont complexes et devraient prendre beaucoup de temps», insiste la Banque du Canada.
Selon elle, l’activité économique continue de reposer sur «la solidité des dépenses des ménages et la fermeté de la reprise aux États-Unis, les secteurs de l’économie américaine qui revêtent une importance pour les exportations canadiennes étant particulièrement vigoureux».
Les exportations canadiennes reprennent aussi du poil de la bête, affirme la Banque du Canada.
«Quoique le portrait global des exportations soit encore incertain, les dernières données confirment que les exportations sensibles aux variations du taux de change regagnent en vigueur.»
Pour l'ensemble de 2015, l'économie canadienne devrait croître de 1,5%, selon l'Economist Intelligence Unit, comparativement à 1,4% pour la zone euro, 2,4% pour les États-Unis et 6,9% pour la Chine.
Incertitude sur l'économie mondiale
La décision de la Banque du Canada survient alors qu'il y a beaucoup d'incertitudes à propos de l'économie mondiale.
La Chine, un important pays importateur de ressources, éprouve des difficultés économiques, et la reprise en Europe demeure fragile, même si les assises sont plus solides.
Au pays, Statistique Canada a révélé ce matin que la construction a reculé en juillet. Les municipalités ont délivré des permis de bâtir d'une valeur de 7,7 milliards de dollars, en baisse de 0,6 % par rapport au mois précédent.
Ce recul fait suite à une hausse de 15,5 % enregistrée en juin.
C'est le Québec qui a enregistré la baisse la plus marquée en juillet, après avoir affiché une hausse de 39,9 % des intentions de construction d'immeubles résidentiels en juin.
La décision de la Banque du Canada survient aussi une semaine avant la prochaine réunion du comité monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed), les 16 et 17 septembre.
La Fed relèvera-t-elle son taux directeur, alors que le taux de chômage est en baisse aux États-Unis?
Le taux directeur est actuellement à 0,25% depuis 2008, année où les États-Unis - et le reste de la planète - étaient frappés de plein fouet par la pire récession depuis la Dépression des années 1930.
Le taux de chômage aux États-Unis est tombé en août au plus bas depuis avril 2008. Toutefois, l'économie américaine n'a créé que 173 000 emplois le mois dernier, alors que les analystes prévoyaient qu'il y aurait plutôt 217 000 nouvelles embauches.