Enregistrer en Bourse des gains systématiquement supérieurs à ceux du marché, c'est aujourd'hui possible. Non pas à l'aide d'une solution soi-disant "miracle", mais d'une méthode très simple, intitulée l'Effet Halloween.
De quoi s'agit-il? De la tendance qu'ont les investisseurs à acheter beaucoup d'actions passé le 31 octobre, le jour d'Halloween, et à en vendre beaucoup en mai – sans qu'on sache trop pourquoi. Une tendance qui a été mise au jour en 2002 par Sven Bouman, l'actuel PDG de Saemor Capital (Pays-Bas), et Ben Jacobsen, aujourd'hui professeur de finance à l'Université Massey (Nouvelle-Zélande). Une tendance dont on peut aisément tirer parti pour faire – tenez-vous bien! – trois fois mieux que le marché.
L'étude intitulée The Halloween Indicator a fait couler quantité d'encre depuis sa parution. Certains pour saluer sa pertinence, d'autres pour tenter de la démolir. Dix années plus tard, Ben Jacobsen, associé à sa collègue de l'Université Massey Cherry Zhang, a voulu trancher le débat, en affinant son travail. Et ce qu'il a trouvé dans sa nouvelle étude est renversant…
Ainsi, M. Jacobsen et Mme Zhang se sont plongés dans une quantité phénoménale de données boursières tirées, pour l'essentiel, du Global Financial Data et du Datastream. Celles-ci portaient, entre autres, sur 310 années de cotations en Grande-Bretagne, 210 années aux États-Unis et une centaine d'années pour sept autres pays. L'immense échantillon couvrait 108 pays, dont 39 en Europe et 20 en Asie.
Qu'ont-ils cherché au juste dans tout cela? S'il était vrai que, partout sur la planète, les investisseurs ont tendance à acheter des actions juste après Halloween et à vendre en mai. Mais aussi, si agir de la sorte de manière systématique peut être profitable.
Résultats? Voici les principaux :
PLUS: Diaporama: l'Halloween en sept données économiques
> L'Effet Halloween se vérifie dans le monde entier. C'est-à-dire que les gains d'hiver (de novembre à avril) sont en moyenne supérieurs de 4,52% à ceux d'été (de mai à octobre). Et ce, dans toutes les Bourses analysées.
> L'Effet Halloween va grandissant. Il ne cesse de se prononcer dans les pays développés depuis les années 1960 et va de sommet en sommet depuis le tournant du millénaire.
> L'Effet Halloween permet de surclasser le marché. Lorsqu'un investisseur se donne un horizon de 5 ans avant d'empocher ses gains, dans 80% des cas il fait trois fois mieux que le marché. Et quand il s'accorde un horizon de 10 ans, le pourcentage grimpe à 90%. Cela se vérifie en particulier au Canada.
«Nos résultats montrent sans l'ombre d'un doute que les investisseurs ont fort à gagner à tenir compte de l'Effet Halloween dans leur stratégie de placements», soulignent les deux chercheurs dans leur étude, en rappelant toutefois que «le passé n'est, bien entendu, jamais garant du futur».
M. Jacobsen et Mme Zhang ont voulu aller un peu plus loin, en cherchant l'origine de ce phénomène qui dépasse la logique économique. Il semble qu'elle vienne d'un dicton boursier à la peau dure, qui stipule : «Vends en mai». Une mention de celui-ci figure dans l'édition du 10 mai 1935 du Financial Times, qui indiquait que depuis des décennies les investisseurs aisés avaient pris l'habitude d'empocher des gains à l'approche de l'été pour leurs vacances. En conséquence, une bonne stratégie consistait à faire comme eux, puisque les mois d'été devenaient dès lors souvent moins profitables pour ceux qui vendaient leurs titres boursiers.
«Le plus curieux, c'est que les investisseurs d'aujourd'hui continuent d'agir en fonction de ce vieux dicton», notent les deux chercheurs de l'Université Massey.