La Banque centrale australienne a annoncé mardi avoir abaissé son principal taux directeur de 0,25 point de pourcentage, à 3,0%, son niveau le plus bas depuis l'acmé de la crise financière en 2009 afin de contrecarrer les effets des turbulences en zone euro et aux États-Unis.
La Banque d'Australie (Reserve Bank of Australia, RBA) avait laissé entrevoir une nouvelle correction à la baisse de son taux de référence fin novembre, après avoir assoupli le loyer de l'argent de 1,5 point en un an.
« Les perspectives conjoncturelles restent négatives », a motivé le gouverneur de la RBA, Glenn Stevens, « en grande partie à cause de la situation en Europe, même si l'issue incertaine (du débat sur) la politique budgétaire américaine pèse également » sur la confiance des investisseurs et des consommateurs.
Au cours de l'année écoulée, a-t-il ajouté, la politique monétaire de l'institut d'émission « est devenu plus accommodante » et « les bénéfices attendus des mesures d'assouplissement passées commencent à se faire sentir » même si « leurs effets pleins et entiers » n'ont pas encore été perçus.
Aussi « un assouplissement supplémentaire (...) a-t-il été jugé pertinent. Il aidera à soutenir une croissance durable de la demande », a poursuivi Glenn Stevens.
La décision de la RBA ramène le loyer de l'argent à son niveau le plus bas de septembre 2009. Sur sept mois, elle avait réduit son taux directeur de 4,25 points de pourcentage, ou 425 points de base, afin de répondre à la crise mondiale, évitant ainsi la récession.
L'Australie bénéficie depuis plusieurs années de la forte demande des pays émergents en matières premières (charbon, minerai de fer) qui lui assure emploi et recettes fiscales. Elle est ainsi le seul grand pays occidental à avoir échappé à la récession en 2008.
La croissance, toujours vigoureuse (3,7% sur un an au troisième trimestre), est cependant ralentie par le fléchissement des cours corrélé à l'atonie de la conjoncture internationale et au ralentissement de l'activité en Chine, première consommatrice mondiale d'énergie et principal partenaire commercial de l'Australie.
Les dépenses en capital compensent cette tendance, mais pas pour longtemps, « des données récentes confirmant que le pic des investissements réalisé par l'industrie minière approche », a noté le gouverneur. Ce pic est généralement attendu dans le courant de 2013.
Le gouverneur Stevens a implicitement indiqué mardi que d'autres baisses des taux pourraient alors être décidées afin de stimuler d'autres pans de l'économie australienne.
Pour l'économiste en chef d'AMP Capital, Shane Oliver, des taux inférieurs à ce qu'ils sont aujourd'hui seront de fait « nécessaires pour soutenir les secteurs non miniers de l'économie (...) alors que le dollar australien reste fort et les coupes budgétaires s'intensifient », le gouvernement cherchant à ramener les comptes publics à l'équilibre.
Le ministre des Finances, Wayne Swan, a de son côté récusé les théories selon lui catastrophistes.
« Souvenons-nous de la crise financière mondiale, lorsqu'elle tombait de haut avec une récession mondiale de 0,6%. La croissance mondiale est aujourd'hui juste en dessous de son niveau tendanciel », a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.