Les Canadiens peuvent être rassurés à la seule lecture de ce graphique sur le marché de l'emploi publié par Statistique Canada vendredi. Quoique renversés par la vigueur de l'emploi dans les derniers mois, les économistes estiment que cette ascension fulgurante pourrait être freinée par différents facteurs en 2013.
En dépit de la faiblesse de la croissance économique du pays et de celle de chez nos voisins du sud, on peut constater que le marché de l’emploi canadien n’a cessé de progresser depuis la chute qu’il a subie durant la crise de fin 2008 début 2009.
Le marché de l’emploi canadien a affiché une vigueur étonnante en décembre. Il s’est créé au pays 39 800 emplois entre novembre et décembre, ce qui a porté le nombre de salariés du pays à 17,67 millions, comparativement à 17,27 millions en novembre.
Douglas Porter, économiste en chef pour BMO, juge que ces données «défient la gravité».
Il s’est ainsi créé 311900 emplois au pays au cours de la dernière année, soit une augmentation de 1,8 %, indique Statistique Canada. Le Québec n'est pas en reste, puisque la province a enregistré un gain total de 138 000 emplois en 2012, contre une perte de 56 000 postes en 2011.
La bonne nouvelle, c’est que la majorité des postes qui se sont ajoutés dans la dernière année sont à temps plein. Il y a eu 306 700 postes à temps plein, pour seulement 5200 emplois à temps partiel.
Sur le plan sectoriel, 2012 a été synonyme de relance pour l'emploi manufacturier. Le secteur a créé 32 200 postes, épongeant la perte de 18 100 emplois en 2011, souligne Audrey Azoulay, économiste et directrice des affaires publiques pour Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ) dans une note publiée vendredi.
Ainsi, le taux d’emploi du Canada, qui constitue un baromètre important de la santé du marché du travail, s’est amélioré de 0,4 % au cours des 12 derniers mois.
«Les données pour le mois de décembre ont de quoi réjouir. Malgré le climat économique morose qui a plané au cours de 2012, le bilan demeure positif pour le marché du travail au Canada, au Québec et en Ontario», écrit Joëlle Noreau, économiste principale pour Desjardins.
Le marché du travail termine l’année en lion, mais continuera-t-il sur sa lancée en 2013?
Certes, l’amélioration des perspectives au sud de la frontière et la relance qui se dessine en Chine sont deux catalyseurs pour l’emploi au Canada.
Cela dit, les économistes demeurent prudents pour les prochains mois.
«Les préoccupations entourant le contexte budgétaire [aux États-Unis] laissent encore bien des inquiétudes quant à la performance de l’économie américaine cette année. Ce climat de tension amènera bien des hésitations chez les employeurs qui préféreront peut-être jouer de prudence dans les premiers mois de 2013 en limitant à la fois les investissements et les embauches», dit l’économiste de Desjardins.
Sonya Gulati, économiste principale pour la TD, émet aussi des bémols. Plusieurs secteurs risquent d’être moins vigoureux, dont celui de la construction, où un net ralentissement de l’activité se fait sentir dans plusieurs régions du pays. Elle rappelle aussi que la croissance du pays devrait avoisiner seulement 1,7 % cette année.