Le nouveau président du conseil d'administration du Fonds de solidarité, Robert Parizeau, est pour la première fois sorti sur la place publique, samedi, en souhaitant que le gouvernement fédéral revoie sa décision sur le retrait du crédit d'impôt fédéral.
«Le conseil d'administration du Fonds juge crucial ce crédit pour le développement économique du Québec. C'est pourquoi nous ne perdons pas espoir d'amener Ottawa à revenir sur sa décision», a-t-il déclaré devant une salle bondée, lors de l'assemblée annuelle du Fonds.
Monsieur Parizeau a indiqué que l'an dernier, les deux fonds de travailleurs du Québec (Fondaction de la CSN étant le second), avec l'accord du gouvernement du Québec, avaient proposé au fédéral d'établir «nouveau partenariat fondé sur nos intérêts mutuels». En contrepartie du maintien du crédit d'impôt, sur une période de 10 ans, les fonds de travailleurs "auraient investi des centaines de millions de dollars dans des entreprises et des fonds d'investissement partout au Canada". "Considérant l'ampleur des retombées qu'un tel partenariat pourrait avoir à l'échelle canadienne, le Fonds estime qu'il mérite d'être évalué plus attentivement", a dit le nouveau président du conseil.
Une étude de KPMG, produite pour le Fonds de solidarité, conclut que le retrait graduel du crédit d'impôt à compter de 2015 aura pour effet de faire tomber ses investissements annuels en capital de développement dans les entreprises du Québec de 521 M$, en 2013, à 250 M$, en 2018.
Le chef de la direction du Fonds, Gaétan Morin, a précisé qu'il n'avait pas encore rencontré à ce sujet le ministre des finances Joe Oliver, qu'il souhaitait plutôt le rencontrer dans quelques mois, "au moment opportun".
Interrogé s'il jouerait un rôle actif dans les discussions avec Ottawa, monsieur Parizeau s'est montré prudent. "Ce n'est pas le rôle d'un président de conseil d'entrer dans ces batailles, ou plutôt ces discussions. Le conseil va appuyer notre chef de direction. Le rôle d'un président est de s'assurer que le conseil comprend bien les enjeux et appuie la direction dans les démarches qui sont entreprises", a-t-il expliqué.
Robert Parizeau est le frère de l'ancien premier ministre Jacques Parizeau. Ses opinions politiques ne sont pas connues. Aujourd'hui expert en gouvernance, il a aussi été au conseil d'administration de Power Corporation, de la Banque Nationale, de Canam, de Van Houtte et Gaz Metro.
«J'ai un frère qui est bien connu, a-t-il reconnu en riant, mais je n'ai jamais fait de politique».
Monsieur Parizeau n'a pas totalement écarté la possibilité de rencontrer le ministre Oliver, "si ce dernier estimait que la présence du président du conseil était souhaitable".
Une demande à Québec?
Une demande à Québec?
Un flou s'est produit en cours d'assemblée lorsqu'un actionnaire a fait une envolée contre le gouvernement conservateur et demandé à la direction s'il n'était pas envisagé de demander à Québec de compenser en tout ou partie le crédit fédéral.
"Je peux vous dire qu'on ne lance pas la serviette. Tout ce qu'on peut aller chercher, y compris au Québec, on va tenter d'aller le chercher", a, en cours d'échange, laissé tomber monsieur Parizeau.
Interrogé par Les Affaires s'il envisageait de demander à Québec de compenser, il a indiqué qu'il n'avait fait que répondre à une question d'un investisseur lui suggérant de demander à Québec . Puis il a poursuivi en laissant entendre que c'est la direction qui pilotait le dossier :"Écoutez, il y a toute une stratégie qu'il faut mettre en place. En soi, il n'y a rien qui est exclu, je ne sais pas si monsieur Morin souhaite élaborer là-dessus. Tout ce que je veux dire, c'est qu'il y a vraiment un enjeu qui est majeur pour le Fonds et, par conséquent, il faut que l'on trouve des solutions".
Gaétan Morin a rappelé que l'Assemblée nationale avait adopté une motion unanime condamnant la coupure du crédit d'impôt. Il a estimé que les parlementaires québécois étaient très conscients de l'effet que pourrait avoir le retrait de la mesure pour l'économie du Québec, particulièrement dans le capital de risque.
Appelé à préciser s'il songeait à demander à Québec de compenser, il a indiqué: "La coupure projetée du gouvernement fédéral, si elle se fait, se produira sur les trois prochaines années. On n'est vraiment pas là."
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