La flambée des prix du pétrole occasionnée par les tensions en Syrie représente un risque additionnel pour une économie québécoise qui roule déjà au ralenti, mais n’est pas encore alarmante, estime un économiste.
Vers 12h, le baril de Brent de la mer du Nord, qui sert de référence au Québec, valait 115,59$ US sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 1,23$ US par rapport à la clôture de mardi. Le cours du Brent a touché mercredi 117,34$ US, son niveau le plus élevé depuis fin février.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour la même échéance gagnait 1,30$ US, à 110,31$ US, après avoir atteint 112,24$ US, son plus haut niveau depuis début mai 2011.
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Depuis le début de la semaine, les cours du brut ont pris plus de 6$ à Londres et 3$ à New York.
Une intervention militaire des États-Unis en Syrie fait peser un risque de déstabilisation régionale qui pourrait perturber les approvisionnements en pétrole. La Syrie est un petit producteur, mais ses liens avec l’Iran et la Russie, qui eux sont d’importants producteurs, alimente les craintes des observateurs.
Pour l’heure, la hausse des cours du pétrole repose sur la spéculation des investisseurs. Comme l’indiquent les économistes du cabinet Capital Economics, «il est difficiile d'établir à quel point les approvisionnements de pétrole pourraient être affectés».
Cela dit, la récente flambée des cours représente un élément d’incertitude pour l’économie mondiale à prendre en considération, selon Jessica Hinds, de Capital Economics.
Chaque hausse de 10$ US du baril de pétrole pourrait retrancher de 0,2% à 0,3% au PIB mondial, indique-t-elle.
Un risque de plus pour le Québec
Le Québec, dont l’économie roule déjà au ralenti, n’est pas à l’abri d’un tel risque.
Les prix à la pompe sont déjà relativement élevés, autour de 1,35$ à 1,45$ le litre dans les derniers jours.
Mathieu D’Anjou, économiste principal au Mouvement Desjardins, rappelle qu’une hausse des prix à la pompe est l’équivalent d’une nouvelle taxe à la consommation.
La récente flambée des prix du baril de pétrole ne l’inquiète pas encore. Tout dépend selon lui de l’ampleur du conflit en Syrie. «Si la situation dégénère et implique l’Iran, le risque sera plus important», dit-il.
Il se dirait plus inquiet pour l’économie québécoise si les prix à la pompe touchaient de nouveaux sommets. «Il y aura un effet plus important sur le moral des consommateurs si le prix de l’essence passe au-delà des 1,50$ le litre pendant un certain temps», estime-t-il.
L’économiste prévoit que le prix du baril de WTI repassera sous les 100$ US si le conflit en Syrie se règle rapidement. Du coup, le prix de l’essence reviendrait autour des 1,35$ le litre.
M. D’Anjou admet néanmoins que les prix à la pompe sont demeurés élevés même avant les récents événements au Proche-Orient.
Dans le contexte actuel, où la croissance de l’économie du Québec est faible, le marché de l’emploi moribond et les consommateurs, endettés, une nouvelle hausse des prix à la pompe ne serait pas bienvenue, conclut M. D’Anjou.
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