Le résultat des élections de mi-mandat aux États-Unis fait craindre au premier ministre Jean Charest une montée du protectionnisme qui pourrait nuire au Québec.
La popularité du mouvement de droite Tea Party et l'élection de nombreux républicains au Congrès, lors du vote de mardi chez nos voisins du Sud, expriment selon lui l'incertitude grandissante de la population et son anxiété quant à la situation économique au pays de Barack Obama.
La lenteur de la reprise économique, liée à un fort taux de chômage, risque fort d'entraîner des réflexes isolationnistes chez les élus américains, a commenté M. Charest, en point de presse, mercredi matin, en marge d'une réunion de son caucus de députés.
"Les Américains vont être davantage isolationnistes. Ils le sont de nature", a prédit le premier ministre.
Dans ce nouveau contexte, le gouvernement du Québec devra se montrer "très vigilant sur les questions de protectionnisme", selon lui.
Cela n'augure donc rien de bon pour le Québec, car la grande majorité de ses exportations vont tout droit vers les États-Unis.
Il a fait valoir que, traditionnellement, aux États-Unis, les démocrates sont davantage protectionnistes et les républicains plus ouverts au libre-échange, mais que dans le contexte économique difficile actuel cette division ne valait plus.
Depuis mardi, une des deux entités du Congrès, la Chambre des représentants, est désormais à majorité républicaine, une mauvaise nouvelle pour le président démocrate Obama.
À court terme, M. Charest a dit que le rôle du Québec consistait à bâtir de bonnes relations avec les gouverneurs fraîchement élus des États limitrophes.
À ce propos, il a noté avec satisfaction que le nouveau gouverneur de l'État de New York, Andrew Cuomo, le fils de l'ancien gouverneur Mario Cuomo, était favorable au projet de train rapide avec le Québec.
"C'est une bonne nouvelle pour nous", a indiqué M. Charest, qui milite depuis des années pour construire ce lien ferroviaire haute vitesse avec les États de la Nouvelle-Angleterre.
Au cours des derniers mois, il se disait persuadé que ce projet coûteux était enfin sur les rails, après des années de mise au rancart, compte tenu que le président Obama avait annoncé un vaste projet de mise à niveau des infrastructures à travers le pays, incluant des milliards à investir dans le secteur des transports.
Cependant, un spécialiste de la politique américaine, Gilles Vandal, professeur à l'Université de Sherbrooke, est d'avis que la situation économique difficile et le nouveau contexte politique briseront l'élan des derniers mois.
Le risque de voir les États-Unis fermer leurs portes aux produits étrangers crée une onde de choc chez les commerçants, qui devront songer à explorer d'autres marchés.
Le président des Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ), Simon Prévost, a dit que le mot d'ordre lancé aux chefs d'entreprises était clair: la diversification des marchés est plus importante que jamais.
M. Prévost leur recommande de lorgner les pays d'Europe, d'autant plus que la devise favorise actuellement les exportateurs.
De son côté, la ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau, a exprimé ses craintes de voir les exportations d'électricité menacées par la nouvelle donne politique américaine.
Elle a dit espérer que l'attrait appréhendé des élus américains pour les mesures protectionnistes n'aura pas "d'incidence sur nos exportations" d'électricité, une source de revenus importante pour le Québec.