Démocrates et républicains ont repris leurs contacts pour éviter un défaut de paiement catastrophique aux Etats-Unis, mais les perspectives de solution rapide restaient encore floues vendredi, au onzième jour de la crise budgétaire.
L'approche de l'échéance du 17 octobre, date butoir fixée par le Trésor américain pour que le Congrès relève la limite légale de la dette publique, les pays industrialisés et émergents du G20 ont appelé les Etats-Unis à "agir d'urgence", selon le G20-Finances dans un communiqué publié à l'issue d'une réunion à Washington.
Les élus républicains, sous la pression de très mauvais sondages d'opinion, ont pour la première fois laissé entendre qu'une percée était possible, à l'issue d'une réunion avec le président Barack Obama jeudi soir.
"Nos équipes vont continuer à se parler ce soir, nous aurons plus de discussions, le président a dit qu'il consulterait son administration, et j'espère que nous pourrons entrevoir une façon d'avancer ensuite", a déclaré le chef de la majorité à la Chambre des représentants, Eric Cantor.
Ces discussions ont eu lieu, mais aucune décision n'a été prise et les contacts devaient reprendre vendredi au niveau des collaborateurs, a expliqué vendredi à l'AFP un responsable républicain de la Chambre, sous couvert d'anonymat.
De son côté, la Maison Blanche observait le silence. Jeudi soir, elle a simplement indiqué qu'"après une discussion sur les possibles façons d'aller de l'avant, aucun choix spécifique n'a été effectué".
M. Obama a reçu vendredi à la Maison Blanche les sénateurs républicains, censés être moins intransigeants que certains de leurs collègues de la Chambre issus du mouvement populiste ultra-conservateur "tea party".
Aucun accord n'a été conclu entre eux mais les sénateurs ont salué la volonté de dialogue du président.
"Y a-t-il eu une avancée déterminante? Non", a expliqué John McCain à des journalistes après la réunion. "Mais je peux dire que cette discussion était un exercice très utile. Je regrette qu'elle n'ait pas eu lieu il y a des semaines".
"On est en train de résoudre ce problème", a assuré Bob Corker, tout en estimant improbable une résolution ce week-end.
Mauvais sondages pour les républicains
Mauvais sondages pour les républicains
Les républicains de la Chambre ont fait une première offre jeudi à M. Obama pour relever temporairement la limite de la dette jusqu'au 22 novembre, mais sans inclure de mesure rouvrant entièrement l'Etat fédéral, paralysé depuis le 1er octobre faute d'accord sur le budget.
Cette percée apparente, après des jours de blocage et de déclarations intransigeantes, a provoqué l'euphorie de Wall Street jeudi. Vendredi à la mi-journée, la Bourse de New York évoluait en légère hausse.
Les républicains sont sous pression, l'opinion publique se rangeant majoritairement du côté du président démocrate depuis le début de la crise.
Selon un sondage NBC/Wall Street Journal publié jeudi, 53% des Américains estiment que les républicains sont responsables de cette paralysie fédérale, des chiffres de mauvais augure à un an des élections législatives à mi-mandat présidentiel.
En échange du relèvement de la limite de la dette, les républicains veulent l'ouverture de négociations sur le budget et une réforme des programmes sociaux, comme le système de retraite.
Le porte-parole de M. Obama, Jay Carney, a laissé entendre jeudi que le président promulguerait un relèvement du plafond de la dette à court terme, mais répété que ce dernier voulait aussi un vote sur le budget sans conditions préalables.
Harry Reid, chef de file des démocrates majoritaires au Sénat, a rejeté vendredi l'idée d'un relèvement de quelques semaines du plafond de la dette, réticent à la pespective d'une nouvelle crise peu avant la période des fêtes de fin d'année.
Depuis le 1er octobre, des centaines de milliers de fonctionnaires ont été mis d'office en congés sans solde, provoquant un grippage de l'Etat fédéral qui se fait de plus en plus durement ressentir.
Jeudi soir, M. Obama a toutefois promulgué une loi rétablissant le versement des indemnités dues aux familles de soldats tués, dont la suspension avait déclenché un scandale.
Sans vote pour relever le plafond de la dette d'ici jeudi prochain, la première économie mondiale serait exposée à un risque de défaut de paiement sans précédent et aux conséquences catastrophiques pour l'économie mondiale.