Les revenus et les dépenses de consommation des ménages aux États-Unis ont connu des hausses maussades en janvier dont l'inflation a effacé pratiquement tous les effets, selon des chiffres publiés jeudi à Washington par le département du Commerce.
Les dépenses de consommation des ménages ont augmenté de 0,2% par rapport à décembre, en données corrigées des variations saisonnières en rythme annualisé, a indiqué le ministère, alors que l'estimation médiane des analystes les donnait en hausse de 0,4%.
Compte tenu d'une inflation de 0,2% en janvier, la consommation a stagné en termes réels pour le troisième mois d'affilée, indiquent les données du gouvernement.
Les chiffres officiels indiquent d'autre part que la hausse des revenus des Américains a ralenti de 0,5% sur un mois en décembre à 0,3% en janvier, soit plus que le pensaient les analystes dont l'estimation médiane donnait +0,4%.
La progression des seuls salaires s'est néanmoins accélérée pour atteindre 0,4%, indique le gouvernement.
Compte tenu de l'inflation, le revenu disponible réel (après impôt et prélèvements) apparaît avoir baissé pour la troisième fois en six mois, de 0,1%.
Selon le ministère, le taux d'épargne mesurant la part du revenu disponible mis de côté par les Américains a reculé en janvier de 0,1 point par rapport à décembre pour s'établir à 4,6%.
Le président de la banque centrale des États-Unis (Fed), Ben Bernanke, a déclaré mercredi que l'absence de hausse du pouvoir d'achat des Américains était l'un des facteurs continuant d'entraver la reprise de l'économie américaine.
La consommation des ménages assure environ les deux tiers du produit intérieur brut américain.
"En dépit de la hausse de leurs revenus, les consommateurs sont toujours prudents à la dépense", note l'économiste Joel Naroff, de Naroff Economics Advisors.
"Il faut que les salaires augmentent plus vite pour que tout le monde ait davantage à dépenser une fois l'inflation prise en compte", ajoute-t-il.
Son confrère Chris Christopher, du cabinet IHS Global Insight estime pour sa part que l'amélioration des hausses de salaires "apporte aux ménages une belle petite marge devant leur permettre de faire face à la hausse des prix de l'essence" .
Selon lui, les salaires devraient augmenter plus vite que les prix cette année et cela devrait augmenter le moral des ménages.
Pour les analystes de RDQ Economics, les chiffres du ministère reflètent très mal la réalité de la consommation.
Selon eux, la faible hausse de janvier s'explique en partie par les températures particulièrement clémentes ayant entraîné ce mois-là une baisse de la demande de chauffage.
Ils n'excluent pas non plus que les consommateurs aient fait preuve de retenue en attendant de savoir ce qu'il adviendra du dispositif de baisse des cotisations sociales salariales, qui a finalement été prolongé en février jusqu'à la fin de l'année, et qu'ils prévoient "une montée forte" de leurs dépenses dans les mois à venir.