Parlons d’un fantasme inaccessible pour les collectionneurs de pièces de monnaie. Des voix influentes s’élèvent aux États-Unis pour évoquer la possibilité de créer une pièce d’un billion de dollars américains, soit 1 000 milliards.
L’idée est saugrenue, mais elle génère de sérieuses discussions. En théorie, cette solution est tout à fait légale, selon des plumes bien en vue dans la presse économique américaine.
Quelle est la proposition? Que le Trésor américain produise une pièce de monnaie de 1 000 G $ US pour ensuite la déposer dans le compte de la Réserve Fédérale (Fed), la banque centrale des États-Unis. Cela permettrait d’éviter de frapper le plafond de la dette, qui doit être atteint en février.
Ce tour de passe-passe grâce à une faille dans la législation. Évidemment, le Trésor ne peut pas imprimer de l’argent pour payer ses dettes. Il peut toutefois produire des pièces de monnaie de la valeur de son choix.
Cette disposition permet la production de monnaie commémorative, mais elle ouvrirait aussi la porte à ce petit tour de magie monétaire.
Des voix influentes le demandent
Au fédéral, Jerrold Nadler, un représentant démocrate de l’État de New York, a même publiquement soutenu cette idée. « Ça a l’air fou, mais ce serait légal, commente-t-il à Capital New York. Normalement, ce ne serait pas bien de penser à une telle chose. Exceptionnellement, quand on doit composer avec un chantage destructeur pour l’économie, on doit être créatif. »
Incapables de s’entendre sur la fiscalité, républicains et démocrates ont joué deux fois avec des dates fatidiques. Rappelons le psychodrame en vue de relever le plafond de la dette durant l’été 2011 et le même fouillis pour le mur budgétaire à la fin de l’année 2012. Tous deux évités à minuit moins une. Le tout sera répété en février, moment où il faudra relever le plafond de la dette pour éviter un défaut de paiement.
L’idée a retenu l’attention de John Barroso, éditorialiste chez Bloomberg. « Frappé le plafond de la dette n’est pas une option, commente M. Barroso. Ce n’est pas une façon de diriger un pays et les républicains le savent. Le relèvement du plafond de la dette ne devrait pas être une concession et c’est fou de penser qu’Obama doit faire d’importants compromis politiques pour ne pas le frapper. »
« Monétiser les déficits par le contrôle direct du président sur la devise n’est, d’aucune façon, une manière de gérer le pays, ajoute-t-il. Accepter de ne pas le faire devient donc un compromis idéal pour répondre à la menace des républicains. »
Paul Krugman, éditorialiste du New York Times, va dans le même sens. « Permettre au président de dépenser de l’argent (en votant le budget) pour ensuite lui dire qu’il ne peut pas obtenir les capitaux nécessaires pour le faire donne une bonne raison pour utiliser n’importe quel artifice », écrit-il.
Et l’inflation dans tout ça. La solution miracle n’entraînerait pas une poussée de l’inflation en dévaluant la valeur de la monnaie, croit le Business Insider. Il n’y aurait pas nécessairement énormément de nouvelles liquidités injectées dans l’économie. En fait, le gouvernement ne pourrait pas dépenser davantage que ce qui est déjà prévu au budget.
L’idée fait son chemin. Le Huffington Post a même publié une page complète en faveur de cette solution. Une pétition a même été mise en ligne pour demander la production de la fameuse pièce. La pétition a recueilli 2 254 signatures. L’objectif est d’en obtenir 25 000.