Quatre ans après la crise financière qui a secoué la planète, l’économie mondiale peine toujours à se redresser. Des nuages noirs planent encore au-dessus de 2013, estiment quatre économistes québécois invités mercredi à un débat-conférence organisé par le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM).
L'événement était animé par René Vézina, chroniqueur pour le groupe LesAffaires.
La zone européenne continue d’inquiéter et d’être la plus importante menace sur les perspectives mondiales, avec des prévisions de croissance du PIB variant entre 0,1 % et 0,3 % en 2013. Le moindre choc pourrait même la faire basculer à nouveau en récession l’an prochain.
«On sous-estime le risque de déflation en Europe, mais il est réel», affirme Stéfane Marion, économiste et stratège en chef de la Financière Banque Nationale, qui s’attend à une croissance de 0,3 %.» Il déplore le manque de concertation de la zone euro qui pourra s’en tirer si «on permet à certains pays de faire défaut sur leurs dettes.»
«Pour que la politique d’austérité fiscale ait une chance de fonctionner, elle doit aussi être accompagnée d’une politique monétaire accommodante. Or, les taux d’intérêt sont encore trop élevés», souligne Carlos Leitao, économiste en chef et stratège de Valeurs Mobilières Banque Laurentienne, en précisant que la Banque centrale européenne a récemment reconnu cette problématique.
La Commission européenne a dévoilé mercredi des prévisions économiques qui laissent aussi entrevoir une très faible activité économique.
«À court terme, les conditions demeurent fragiles, mais 2013 devrait voir un retour progressif de la croissance, laquelle devrait se renforcer en 2014», indique l’organisation qui prévoit une progression du PIB de 0,1 % en 2013, comparativement à une contraction de 0,4 % cette année et une croissance de 1,4 % en 2014.
La réélection d'Obama, une bonne nouvelle
Les panelistes se sont tous réjouis de la réélection du président américain Barack Obama. «Un président américain a toujours les coudées plus franches lors d’un deuxième mandat», rappelle François Desjardins, économiste en chef du Mouvement Desjardins.
Ili prévoit un taux de croissance de 1,9 % en 2013 chez nos voisins du sud. Il souligne que l’économie américaine profitera d’une meilleure redistribution de la richesse, ce qui aurait fait défaut sous un gouvernement républicain.
«La croissance américaine va nous surprendre par sa vigueur relative», dit Stéfane Marion, en soulignant la croissance de l’emploi au cours des derniers mois et les perspectives offertes par la révolution énergétique en cours. Il s’attend aussi à une croissance de près de 2 %.
Paul Fenton, économiste en chef à la Caisse de dépôt et placement du Québec, estime que la «reprise de l’activité dans le secteur de la construction est de bonne augure».
L’économie mondiale, qui devrait connaître une croissance variant entre 3 et 3,6 % en 2013, sera encore une fois soutenue par les pays émergents, en particulier ceux du BRIC. «La Chine a les moyens financiers pour accélérer la cadence», dit Carlos Leitao.
Il y aura certains replis, ajoute François Dupuis, mais l’économie des pays émergents présente encore beaucoup de potentiel de croissance.
Les plus récentes prévisions du Fonds monétaire international (FMI), prévoit une croissance mondiale de 3,6 % en 2013. Le FMI a ramené sa prévision de croissance en Chine de 8,4 % à 8,2 %, en Inde de 6,6 % à 6 % et du Brésil de 4,7 % à 4 %.