Le courant ne passe plus entre CVTech et un de ses administrateurs. Impatient devant la mauvaise performance de l’action de l’entreprise d’entretien de lignes de transport et de distribution d’électricité, Guy Aubert organise un putsch contre les membres du conseil d’administration, dont le mandat doit être renouvelé par les actionnaires le 30 mai prochain.
M. Aubert est le deuxième actionnaire en importance de l’entreprise de Drummondville. Il détient 13,8% du capital-actions. C’est aussi l’ancien propriétaire et président de Thirau, vendue à CVTech en 2005. Il est resté à la direction de la nouvelle filiale jusqu’à sa retraite en 2010, mais a conservé son poste d’administrateur qu’il occupe depuis 2005.
«L’action stagne, dénonce M. Aubert en entrevue. Lorsque nous avons vendu Thirau en 2005, l’action était à 1,11$. Six ans plus tard, c’est à 1$. »
L’administrateur dissident tente de convaincre les autres actionnaires de changer la composition du conseil d’administration. Avec le nouveau conseil, il remplacera le président-directeur général, André Laramée, par un dirigeant intérimaire. Le remplaçant par intérim a déjà été choisi, affirme M. Aubert, qui n’a pas voulu révéler son identité.
«C’est normal qu’un dirigeant fasse de bons coups et de mauvais coups», répond M. Aubert à LesAffaires.com, qui lui a demandé ce qu’il reprochait à l’équipe en place. «Le problème, c’est qu’il n’y a pas de plan d’ensemble. Il y a une vision à courte vue.»
Dans sa sollicitation de procuration, M. Aubert affirme que la direction n’a pas réussi à remplir ses promesses «ambitieuses». Dans les grandes lignes, le dissident croit que la direction a négligé la performance de la division Systèmes CVT avant de se résigner à la mettre en vente, dévaluant ainsi cet actif.
Pour la division Énergie, il déplore l’absence d’acquisition, même si d’autres concurrents y sont parvenus. Il accuse aussi la société de manquer de transparence dans ses communications avec les actionnaires.
La réponse du conseil
La réponse du conseil
Le président du conseil d’administration de CVTech, Jacques Joly, s’est dit surpris de la démarche de l’administrateur dissident. «M. Aubert est membre du comité des ressources humaines et de la rémunération, commente l’associé de la firme comptable Joly Riendeau & Duke CA à Sherbrooke. Il a accepté et recommandé, ce qui se trouve dans la circulaire. Et, quelques jours plus tard, il veut nous envoyer en vacances.»
Jacques Joly affirme que Guy Aubert n’a «jamais» exprimé sa dissidence. «C’est difficile de comprendre le but de sa démarche», ajoute-t-il.
M. Joly critique aussi le contenu de la procuration de M. Aubert. «Les solutions proposées ont déjà été annoncées par CVTech», répond le président, donnant en exemple l’examen stratégique entrepris par la société et la vente de la division Systèmes CVT. «Je suis surpris, surtout que M. Aubert a approuvé ces solutions.»
Le président rejette de revers de la main les critiques sur la transparence de la société. «Nous préférons répondre aux appels un à un, se défend-il. Le chef de la direction financière, Mario Trahan, répond à tous les appels. Le volume d’appel n’est pas assez grand pour justifier une conférence téléphonique.»
Le conseil d’administration recommande aux actionnaires de voter en faveur du renouvellement des candidats en place. «Changer le conseil pourrait être une source d’insécurité néfaste pour les actionnaires», estime M. Joly.
Chacun de leur côté, M. Joly et M. Aubert ont bon espoir de voir les actionnaires voter en leur faveur. Au Fonds de solidarité FTQ, premier actionnaire avec 23,8% du capital-actions, on étudie le document, confirme son porte-parole, Patrick McQuilken, qui n’a pas voulu s’avancer davantage.
Analystes et données boursières
Sans prendre parti, Pierre Lacroix, analyste de Valeurs mobilières Desjardins, croit qu’un peu de bisbille est une bonne nouvelle pour les actionnaires. «Même si le concours de circulaire amène un peu d’incertitude, nous avons bon espoir que, peu importe l’issu du vote, une attention accrue sur la performance financière et sur la croissance sera bénéfique pour tous les actionnaires.» M. Lacroix émet une recommandation d’achat et un cours cible de 1,50$.
La majorité des quatre analystes qui suivent la société ont une opinion favorable de celle-ci. Trois émettent une recommandation d’achat, contre une recommandation «conserver». Le cours cible moyen est de 1,42$. Autrement dit, le consensus prévoit une croissance de 42% d’ici un an.
CVTech est une petite capitalisation boursière de 72,04 millions $. Le titre est peu liquide. Il offre un rendement du dividende de 2%. L’action a terminé la séance de jeudi à 1$.
L’action se trouve 44% sous son sommet historique de 2008. Depuis un an, elle a perdu 28% de sa valeur.