Après un an de déboires avec son nouvel avion, Bombardier va tenter de respecter son nouveau calendrier de livraisons du CSeries pour fin 2015 en reprenant dans les tout prochains jours les essais en vol, suspendus depuis plus de trois mois suite à un incident moteur.
Le constructeur a annoncé vendredi que les essais en vol, démarrés il y a un an et interrompus depuis le 29 mai, pourraient reprendre "en septembre" grâce à une correction du "système de lubrification à l'huile du moteur" par le motoriste Pratt & Whitney.
Les "moteurs modifiés" du CSeries ont reçu le feu vert des autorités compétentes et ont été réinstallés sur le deuxième des quatre appareils composant actuellement la flotte d'essais, a indiqué le groupe.
"Nous restons confiants que l'entrée en service aura lieu pendant la seconde moitié de 2015", a déclaré le vice-président du programme CSeries, Robert Dewar. Cette mise en service avait déjà été repoussée de plus d'un an l'hiver dernier.
Ce retard pour les vols commerciaux des avions CS100 (110 places) et CS300 (135 places) avait entraîné la suppression de 1 700 emplois chez Bombardier, dont la majeure partie dans son usine de Mirabel au nord de Montréal.
En juillet, Bombardier a réorganisé sa branche aéronautique avec la suppression de 1.800 autres postes, "dans des fonctions indirectes" et non liées à la production, et le départ de Guy Hachey, le président de cette division.
Initialement, la mise en service du CS100 était prévue pour cet automne et celle du CS300, six mois plus tard. Ce dernier ne devrait être mis en service qu'à l'horizon 2016.
"Risques élevés"
"Risques élevés"
Les déboires de Bombardier sur ce programme ont provoqué la méfiance de son client de lancement, la société suédoise de leasing Braathens Aviation. Cette dernière a prévenu le constructeur canadien qu'elle ne voulait plus être la première à exploiter l'avion mono-couloir.
"En raison de l'incertitude grandissante, nous sommes en train d'examiner de possibles changements dans le calendrier de livraison de l'appareil avec Bombardier", avait mentionné Braathens dans un récent rapport financier. Le suédois avait commandé en 2011 dix appareils, cinq de type CS100 et cinq CS300 pour sa compagnie Malmö Aviation.
Après l'annonce de Braathens, des analystes n'ont pas écarté que Bombardier repousse à nouveau son calendrier de livraisons, le programme d'essais n'ayant accumulé qu'un peu plus de trois cents heures sur les quelque 2 400 nécessaires pour obtenir la certification.
Le calendrier est encore "réalisable" mais il est serré et le programme du moyen-courrier comporte toujours "des risques élevés", a jugé vendredi Walter Spracklin de RBC Capital Markets.
Le constructeur a promis de faire le point de façon plus détaillés sur son programme "dans les prochains jours".
A ce jour Bombardier a reçu 203 commandes fermes pour les CS100 et CS300, alors qu'il en souhaite 300 avant les premières livraisons.
La nature exacte de l'incident sur le moteur de l'avion en essai --incendie, explosion ou bris mécanique sérieux-- n'a jamais été précisée par Bombardier.
Cet incident, survenu au sol sur le premier exemplaire CS100, le mono-couloir qui avait effectué le vol inaugural le 16 septembre dernier, n'est pas le premier touchant des avions CSeries en essai. Des mises à jour logicielles de vol avaient déjà retardé le programme.
Ce programme, le plus ambitieux de l'histoire du groupe canadien, se positionne dans un paysage dominé par le duopole Airbus et Boeing avec leurs familles A320 et B737, mais le canadien mise sur un appareil plus petit et moins gourmand en carburant.
Les différents retards ont entraîné une hausse des coûts du programme du nouvel avion, initialement estimés à 3,4 milliards de dollars, et qui avoisineraient désormais les 5 milliards de dollars, selon des analystes.