La Bourse Nasdaq de New York a suspendu jeudi toute son activité pendant plus de trois heures en raison d'un problème informatique, un incident sans précédent qui met de nouveau en question la fiabilité des échanges électroniques.
Le courtage des actions a cessé sur la plate-forme électronique d'environ 12H15 GMT à 15H25 GMT, paralysant l'indice composite Nasdaq, à dominante technologique, et plusieurs valeurs phare de la place new-yorkaise comme Apple ou Microsoft.
L'indice semble avoir finalement légèrement profité de l'incident, clôturant en hausse de 1,08% à 3.638,71 points alors qu'il était resté coincé sur une progression de 0,87% le temps de la suspension.
L'action du groupe Nasdaq a en revanche perdu 3,42%, à 30,46 dollars.
"C'est la première fois que je vois une plate-forme d'échanges fermer complètement pendant autant de temps en raison d'un problème technique en plein milieu de la journée", s'est étonné Art Hogan, responsable de la stratégie d'investissements à Lazard Capital Markets.
Le président américain Barack Obama a lui-même été "informé" de l'incident, a indiqué le porte-parole adjoint de la Maison-Blanche Josh Earnest.
Le gendarme des marchés boursiers américains, la SEC, avait indiqué peu après la découverte du problème qu'il "surveillait la situation" et "restait en contact étroit avec les plates-formes d'échanges".
Les sources précises de la panne restaient à éclaircir, mais elles semblent liées au système de communication permettant de placer des ordres depuis d'autres plates-formes boursières sur des actions cotées sur le Nasdaq.
Les autres places boursières, à l'instar du New York Stock Exchange, ont aussi dû suspendre le courtage de l'ensemble des valeurs échangées sur le Nasdaq.
Pas de panique
Pas de panique
L'incident "n'a pas provoqué de panique sur le marché", observe Art Hogan. "C'est juste frustrant. On ne perd pas d'argent, juste du temps".
Le problème "est apparu en plein été, à l'heure du déjeuner, alors que la plus grande confusion règne sur l'avenir de la politique monétaire américaine et qu'aucune grande compagnie du Nasdaq ne publiait ses résultats. Les volumes d'échanges étaient très faibles", renchérit Steven Rosen, spécialiste des marchés à la Société Générale.
"Si cette interruption était intervenue un jour de grand volume, cela aurait pu conduire à des mouvements erratiques", estime-t-il.
Mais pour Peter Cardillo, de Rockwell Global Capital, les investisseurs "n'étaient pas complètement dépourvus, ils pouvaient recourir aux autres plates-formes d'échanges".
"Chaque nouvel incident de ce genre depuis Facebook a bien sûr tendance à saper notre confiance, ça a toujours un effet psychologique", ajoute-t-il toutefois.
Le jour du lancement en grande pompe sur le Nasdaq de l'action du réseau communautaire en mai 2012, des problèmes techniques avaient coûté des centaines de millions de dollars de pertes aux investisseurs.
Plus tôt la même année, la plate-forme électronique d'échange boursiers BATS avait été forcée d'annuler sa propre introduction boursière après un autre "bug" informatique.
L'installation ratée d'un nouveau logiciel de courtage chez Knight Capital le 1er août 2012 s'était plus tard traduite pour la société par une perte de 461 millions de dollars et avait conduit à son rachat par un concurrent.
"Chaque fois qu'un problème technique de cette nature se produit, se pose la question de l'intégrité du marché. Cela n'encourage pas les gens à confier leur argent" aux systèmes électroniques, dans des marchés de plus en plus soumis à des algorithmes complexes de courtage à haute fréquence, estime pour sa part Michael Gayed, responsable des investissements à Pension Partners.
Mais, ajoute-t-il, "ces incidents sont relativement rares et, dans un monde où tout dépend des fibres optiques et d'internet, il est impossible de ne pas parfois se retrouver face à des situations anormales."