Neuf mois se sont écoulés depuis que nos quatre experts ont présenté leurs trois recommandations. À l'exception de la sélection de Christine Décarie, de Groupe Investors, nos invités n'ont pas réussi à battre le marché. Leur portefeuille a gagné 9,8 %, tandis que les indices S&P/TSX et S&P 500 ont respectivement avancé de 12,2 % et de 11,7 %.
Christine Décarie
Québecor 12,94 %
Héroux-Devtek 29,56 %
Atrium 34,04 %
Total 25,51 %
La sélection de Christine Décarie est la seule à dépasser les indices boursiers depuis la table ronde à la fin d'août 2013. La vice-présidente du Groupe Investors affiche un rendement moyen de 25,5 % pour ses trois choix.
Les actionnaires de Québecor (Tor., QBR.B, 25,93 $) n'ont pas manqué de nouvelles à se mettre sous la dent. «Discipliné», le propriétaire de Vidéotron a rassuré les analystes qui craignaient que la société ne soit trop téméraire lors de l'encan du nouveau spectre de téléphonie, estime Mme Décarie. La profession de foi souverainiste de M. Péladeau découragera-t-elle Ottawa de faciliter l'expansion de Québecor au Canada ? «Je ne crois pas», répond la portefeuilliste qui gère un fonds de sociétés québécoises. «Le gouvernement souhaite qu'il y ait un quatrième joueur en télécommunications et il n'y en a pas d'autres en lice.» Le départ Robert Dépatie, dont le «bilan est solide», soulève «beaucoup de questions» sur la direction que prendra l'empire médiatique, même si d'autres dirigeants importants restent en poste, nuance-t-elle. Le titre a encore du potentiel, selon elle. À ceux qui voudraient acheter leurs premières actions de Québecor, elle recommande d'y «aller graduellement». L'action gagne 12,9 %.
L'acquisition par Héroux-Devtek (Tor., HRX, 11,50 $) d'APPH, dont les marges sont plus élevées que celles de son acheteur et l'entente de fabrication des trains d'atterrissage du Boeing 777 sont de bonnes nouvelles, estime Mme Décarie. Le ralentissement des activités de la division militaire a été plus prononcé que prévu, «mais la direction a réagi rapidement, ce qui est rassurant», constate-t-elle. La portefeuilliste mise toujours sur une croissance du côté du marché de l'aéronautique civile. Même après un gain de 30 %, le titre de l'entreprise de Longueuil pourrait toujours s'échanger à un meilleur multiple.
Le fabricant de suppléments alimentaires Atrium Innovations a terminé sa course avant la fin de parcours. L'achat de l'entreprise de Québec à 24 $ par le fonds d'investissement européen Permira aura procuré un rendement de 34 %.
Luc Girard
Bombardier -8,98 %
AT&T 11,03 %
Apple 14,89 %
Total 5,65 %
Lors de notre suivi en janvier, les trois choix de Luc Girard, gestionnaire de portefeuille de l'équipe Noël-Girard chez Valeurs mobilières Desjardins, étaient ralentis par les inquiétudes des investisseurs. Celles-ci se sont dissipées à l'égard d'Apple (Nasdaq., APPL, 585.54 $ US) et d'AT&T (NY., T, 36,44 $ US), mais persistent pour ce qui est de Bombardier (Tor., BBD.B, 4,12 $). Le gestionnaire obtient un rendement de 5,6 %.
Les incertitudes entourant la CSeries mettent à l'épreuve la patience des actionnaires de Bombardier, ce qui ouvre une porte d'entrée intéressante, maintient Luc Girard. La division Transport a une valeur de 3,50 $, «un plancher pour l'action, en quelque sorte», affirme le gestionnaire. «Les résultats de Bombardier s'amélioreront une fois que la société aura terminé tous les tests.» L'action a décliné de 9 %.
Dans l'attente de nouveaux produits innovants, Apple a prouvé «qu'elle pouvait encore vendre ses iPhone» en dévoilant des résultats meilleurs que prévu, constate M. Girard. Son action est moins chère que le marché, à 12,4 fois les bénéfices de 2015, par rapport à 14,4 fois pour le S&P 500. «C'est peu cher, puisque nous considérons que la société peut faire croître ses bénéfices de 10 % à 15 % annuellement.» Le titre monte de 14,9 %.
M. Girard partage le même optimisme pour l'exploitant de télécommunications AT&T. Ce titre de dividende s'échange à un meilleur prix que celui des sociétés de télécommunications canadiennes. «L'augmentation de la concurrence a inquiété les investisseurs, mais AT&T est prête à se battre.» Le titre a gagné 11 %.
François Rochon
Cabela's -2,06 %
IBM 4,58 %
M&T Bank 4,55 %
Total 2,35 %
La sélection de François Rochon, président et gestionnaire de portefeuille chez Giverny Capital, obtient le rendement le plus faible à 2,4 %. Celui qui a obtenu le meilleur rendement lors de la précédente édition ne s'en formalise pas. Les neuf derniers mois ne reflètent pas le potentiel à long terme des sociétés choisies, selon lui.
La croissance est plus difficile à générer pour le détaillant américain de chasse et pêche Cabela's (NY, CAB, 65,01 $ US). Le titre a perdu 2 %. L'an dernier, l'achalandage avait bondi. De nombreux clients avaient devancé leurs achats dans la crainte d'un resserrement des lois sur le port d'armes. Pour les investisseurs, c'est une occasion d'investir dans un détaillant «très aimé d'une clientèle de niche», selon M. Rochon. La direction veut accroître la surface de vente de 12 % à 15 % annuellement au cours des cinq prochaines années, tout en ouvrant des magasins moins gourmands en capital.
L'action d'IBM (NY, IBM, 190,08 $ US) a la capacité de donner un rendement annuel de 10% par année, selon M. Rochon. Le titre a gagné 4,6 % en neuf mois. IBM pourra compter sur une croissance interne de 3 % à 4 %, des rachats d'actions et un rendement du dividende de 2 %, résume-t-il.
L'action de M&T Bank (NY, MTB, 121,37 $ US) était en baisse lors de notre dernier suivi en janvier en raison des délais liés à l'acquisition de Hudson City (reportée à la fin de l'année). Le titre a repris le terrain perdu avec un gain de 4,5 %. La banque régionale de Buffalo gère ses avoirs prudemment et densifie sa présence dans les territoires qu'elle dessert, soutient M. Rochon.
Jean-Paul Giacometti
CST Brands -4,53 %
Starz 16,82 %
National Presto 4,68 %
Total 5,66 %
Que ce soit pour Starz (Nasdaq, STRZA, 2,9,37 $ US), qui affiche un gain de 16,8 %, ou CST Brands (NY, CST, 32,75 $ US), en recul de 4,5 %, Jean-Paul Giacometti, vice-président et gestionnaire de portefeuille chez Claret, croit que ses choix restent des aubaines. Il obtient un rendement de 5,7 %.
Dans l'attente d'une amélioration de ses marges, CST Brands est toujours moins cher que celui de ses concurrents. L'action de l'ancienne chaîne de dépanneurs de Valero Energy s'échange à 8 fois son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA). «C'est moins qu'Alimentation Couche-Tard, à 12 fois», compare M. Giacometti, dont la firme a franchi le cap du milliard de dollars d'actifs sous gestion l'automne dernier.
L'action de Starz reste sous-évaluée, dit M. Giacometti. Le propriétaire américain de chaînes spécialisées s'échange à un multiple de 13 fois les bénéfices de l'an prochain, le titre le moins cher de son secteur. Bien établie, Starz réussirait à combler une partie de l'écart avec ses concurrents si elle lançait une série télévisée à succès, avait expliqué le portefeuilliste lors de la table ronde.
Le dividende de National Presto (NY, NPK, 68,45 $ US) est attrayant, selon M. Giacometti. La société familiale, présente dans les articles de cuisine, l'équipement d'entraînement militaire et les couches pour adultes, verse un dividende fixe de 1 $ US par action ainsi qu'un dividende annuel variable équivalant à 75 % de ses bénéfices. Le titre a gagné 10 %.